L'allocution présidentielle pour le coronavirus



Chrétiens, chrétiennes, chers frères, chères sœurs, à nous qui dans l’espérance sommes déjà citoyens de cette glorieuse cité descendue du ciel, la Jérusalem céleste, et qui s’avance à la rencontre de son époux. C’est par bien des épreuves qu’il nous faut passer et nous subissons notre condition dans ce monde d’ici bas comme à travers un exil, pérégrinant à travers ce carême comme à travers une vallée de larmes et de gémissement.
Depuis quelques semaines, nous avons pâli en voyant se propager à la vitesse d’un cheval un virus et l’épidémie le suivait. Il a touché plusieurs milliers de nos frères, ralentit nos activités, nous privant des sacrements. Bien entendu, nous avons avant toute chose, une pensée émue et chaleureuse pour les familles et les proches des victimes. Nous les assurons de nos prières. Que Dieu accompagne ceux qui ont la charge de leur frère, qu’il encourage les faibles, qu’il soutienne les malades, qu’il pardonne aux défunts. Qu’il soit votre joie et votre consolation dans ces moments d’épreuve.
Cette épidémie qui affecte tous les continents et frappe tous les pays européens est la plus grave crise de santé qu'ait connu la France depuis la grande guerre. Et certains y voient un de ces signes précédant la fin et dont notre sauveur nous a prévenus. Mais lui-même nous a dit de ne pas nous effrayer. Ne nous trompons pas d’adversaire. Combattons le beau combat. Ne craignez point celui qui peut faire périr le corps, mais craignez plutôt celui qui peut faire périr et le corps et l’âme en enfer. Ce n’est pas simplement contre la chair et un virus que vous vous battez, mais contre les principautés, les dominations et les esprits impurs qui peuplent le ciel et la terre. Ne vend-t-on pas deux moineaux pour 10 euros ? Quant à vous, ne craignez pas : même vos cheveux sont comptés. Et vous voulez bien plus que tous les moineaux du monde.
Durant plusieurs semaines, la république française a préparé, agi. C'est pourquoi, au nom de tous les chrétiens, nous tenons avant toute chose à exprimer la reconnaissance de l’Eglise à ces héros en blouse blanche, ces milliers de femmes et d'hommes admirables qui n'ont d'autre boussole que le soin, d'autre préoccupation que notre vie. Les personnels des hôpitaux, médecins, infirmiers, ambulanciers. Nous prions pour eux, faisant monter vers Dieu pour eux et pour leurs œuvres une juste action de grâce.
L’Eglise les admire, y contemplant un reflet de la bonté de Dieu, et veut les imiter. Que tous les imitent et s’engagent et qu’il y ait là une occasion de rendre au monde le témoignage de notre charité. Rendez visite aux malades, soignez les mourants, donnez à manger à ceux qui ont faim. Voilà la vraie religion. Ce que vous faites aux plus petits de ces frères, n’est-ce pas au Christ que vous le faites ? Acceptons de prendre du temps sur notre vie personnelle, familiale, pour la santé de notre pays. Celle de son corps, celle de son âme.
Je veux aussi, ce soir, saluer le sang-froid dont font preuve les catholiques. Face à la propagation du mal, vous avez pu ressentir pour vous-mêmes, pour vos proches, de l'inquiétude voire de l'angoisse, et c'est bien légitime. Tous, vous avez su faire face en ne cédant ni à la colère, ni à la panique, appliquant à vous-même cette parole du Christ : ne soyez pas effrayés. Il faut que tout cela vienne, mais ce ne sera pas encore la fin.
Cependant, chers compatriotes de cette glorieuse cité où nous demeurons déjà dans l’espérance, je veux vous le dire avec beaucoup de gravité, de lucidité, nous ne sommes qu'au début. Malgré nos efforts pour le freiner, le mal continue de se propager et est en train de s'accélérer. Nous le savions, nous le redoutions. Le Christ nous l’avait dit : en ces temps, la charité refroidira. Soyez sobres, soyez vigilants. Votre adversaire, le démon, va et vient à la recherche de sa proie. L’écriture sainte le dit : vous entendrez parler de guerre, de rumeurs et d’épidémie. Or tout cela n’est que le commencement des douleurs de l’enfantement. Partout en Europe, la diffusion du mal s'accélère, s'intensifie. Elle passe la figure de ce monde. Face à cela, la priorité absolue sera la recherche du salut. Nous ne transigerons sur rien.
Un principe nous guide pour définir nos actions, il nous guide depuis 2000 ans pour nous battre contre le scandale du mal : c'est la confiance en la providence, espérer contre toute espérance. Nous tourner vers ceux qui prient, qui croient et qui discernent la volonté de Dieu et les signes de temps. Dieu fait tout concourir au bien de ceux qu’il aime, sachant que l’épreuve conduit à la fermeté dans la foi. Nous avons dans l’Eglise les plus grands priants, des bons pasteurs, des saints de grand renom, des hommes de bonne volonté, des milliers de laïcs engagés sur le terrain et que nous admirons, comme nous le faisons depuis le premier jour.
Dans ce contexte, l'urgence est de protéger nos frères humains les plus vulnérables. Celui qui donnera ne serait-ce qu’un verre d’eau à l’un de ces plus petits qui sont nos frères ne perdra pas sa récompense. L'urgence est de freiner le mal afin de protéger les plus vulnérables d'abord. Cultiver les œuvres de miséricorde et de charité. C'est la priorité absolue. Celui qui fait revenir un homme à la vie couvre une multitude de péchés.
Un écueil, ce serait le repli égoïste. Jamais de telles épreuves ne se surmontent en solitaire. C'est au contraire en solidaires, en disant nous plutôt qu'en pensant je, que nous relèverons cet immense défi, endiguer le mal.
Soyez soumis aux autorités. Notre gouvernement a pris des mesures. Certains disent : "vous n'allez pas assez loin" et voudraient tout fermer. D'autres considèrent que ce risque n'est pas pour eux. Que les chrétiens prient en tout lieu, en élevant des mains pures, sans colère ni mauvaises pensées, soumis aux autorités civiles, car elles ont été instituées par Dieu pour la paix et la recherche du bien commun. Romains 13 :1. Respecter ces fameux gestes barrières contre le mal. L’apôtre saint Jacques le dit : lavez-vous les mains, pêcheurs ! Jc 4 :8. Tenez-vous à distance d'un mètre. Ce que l’on appelle la quarantaine, que le livre du Lévitique recommande Lv 15 :2.
C’est ce mot de quarantaine Quadragesima qui a donné le mot carême. Le carême ! Le temps, aujourd'hui, est au carême, à la protection des plus faibles, les enfants et les personnes âges. A la cohésion de l’Eglise. N’est-ce pas là le vrai carême qui plaît à Dieu ? Le temps est à cette union sacrée, qui consiste à suivre tous ensemble un même chemin et que l’on appelle la charité. C’est à ceci que tous sauront que vos êtes les disciples de Jésus. C'est pourquoi je veux vous dire que Jésus compte sur vous pour les jours, les semaines, les mois à venir. L’Eglise compte sur vous parce que vous êtes les mains de Dieu et que Dieu d’agira pas sans vous. Chacun a son rôle à jouer.
 Délivre nous Seigneur et donne la paix à notre temps. Pardonne nous nos péchés et rassure nous dans les épreuves en cette vie où nous espérons le bonheur que tu as promis et le retour glorieux du Christ. Vive l’Eglise ! Vive Dieu !

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