Survol du Nouveau Testament
1 Les évangiles synoptiques
C’est l’heure de notre chronique de catéchèse. Frère Paul Adrien, vous nous proposez une catéchèse sur la Bible
Mon expérience de prêtre et de catéchiste ne cesse de me le confirmer. Refaire un rapide tour du Nouveau Testament n’est jamais superflu ! Commençons par les 4 évangiles : les écrits qui racontent la vie de Jésus. Parmi eux, on en distingue 3 qui sont très similaires. Ce sont les évangiles synoptiques. Matthieu, Luc et Marc. Ces évangiles ont pour nous le sceau de l’autorité apostolique. Matthieu est un des 12 apôtres. Marc serait le Jean Marc dont parle les Actes des Apôtres, devenu le secrétaire de saint Pierre. Et Luc était le médecin de Paul, le plus petit des apôtres.
La première similarité entre ces 3 évangiles est leur manière de découper la vie de Jésus en deux phases. D’abord, les premières années de ministères, avec une popularité croissante de Jésus malgré les polémiques avec les pharisiens. Cette première partie s’achève en apothéose avec la transfiguration. Commence alors une deuxième partie, qui est en fait une longue descente. Cela commence avec la lente marche de Jésus vers Jérusalem et cela s’achève à la croix. Cette vie de Jésus décrite en deux versants est propre aux évangiles synoptiques. Jean propose une autre narration. Certains épisodes changent selon les 3 évangiles. C’est normal, les évangiles sont basés sur des souvenirs. Ce ne sont pas des reportages. Parfois au contraire, certains passages se ressemblent tellement qu’on peut les mettre parallèles et étudier les petites différences entre ces 3 évangiles. Par exemple, Matthieu est très attentif aux liens avec l’Ancien Testament et insiste sur la dimension politique de Jésus, roi des juifs. Marc abrège les discours mais amplifie les récits avec des détails pittoresques. Luc insiste sur le rôle des femmes, sur la miséricorde.
J’attire votre attention en particulier sur l’évangile de Matthieu. C’est un évangile qui est fait pour être appris par coeur. On pense que c’est l’évangile selon Marc qui aurait été le premier écrit. Mais la version orale de Matthieu remonte probablement à la toute première Eglise. Longtemps c’est lui qui a servi de première référence pour l’Eglise. C’est un évangile très catéchétique. Il est structuré en 5 grandes parties, composées chacune de deux sous-sections. Un discours puis un récit. Vous avez d’abord le sermon sur la montagne avec une série de miracles. Puis une section sur la vie apostolique, une autre sur la prédication populaire de Jésus, une autre sur la vie dans l’Eglise, une autre sur les controverses et une dernière centrée sur la fin du monde et la fin de la vie de Jésus.
Merci Frère Paul Adrien pour ce topo sur les 3 évangiles synoptiques. Nous vous retrouvons demain pour continuer notre exploration du Nouveau Testament.
2 L’évangile selon saint Jean
C’est l’heure de notre chronique de catéchèse et nous nous penchons cette semaine sur le Nouveau Testament. Nous avons commencé hier avec les évangiles synoptiques. Fr. Paul Adrien, à vous la parole pour la suite.
L’évangile selon saint Jean diffère fortement des 3 autres évangiles. Le vocabulaire, par exemple, est à la fois plus simple et plus aérien. On pense que l’évangile selon saint Jean a été écrit après les autres évangiles. Il suppose que vous les connaissez déjà. Saint Jean vient compléter certaines choses qui lui semblent importantes. Par exemple encore, saint Jean ne rapporte pas les paroles de l’institution de l’eucharistie. Il parle bien du dernier repas de Jésus, par contre il met à la place le geste du lavement des pieds, geste qui lui, est absent des 3 autres évangiles. Par-là saint Jean veut nous dire dans quel esprit de service et de fraternité doit se célébrer une messe. Quant à la consécration du pain, si saint Jean n’en parle pas pendant la messe, il en parle par contre longuement dans ce qu’on appelle le discours du pain de vie, situé lors de la multiplication des pains. La théologie de l’eucharistie vient d’ailleurs de là.
L’évangéliste saint Jean lui-même est une figure obscure. On l’assimile au disciple bien-aimé, même si rien n’est dit dans ce sens dans l’Evangile. On ne sait pas trop s’il s’agit de saint Jean l’apôtre, le fils de Zébédée ou d’un autre saint Jean, un prêtre juif chrétien. En tout cas, manifestement, l’évangile a été retravaillé par plusieurs personnes. On pense qu’il y avait une toute une école de pensée, une communauté chrétienne. La tradition y voit une fondation de l’apôtre saint Jean. Le texte fondateur de cette communauté, l’évangile selon saint Jean, aurait traversé les générations et aurait subi des refontes.
Si dans les synoptiques, la vie de Jésus est structurée en deux axes, ascendant jusqu’à la transfiguration, et descendant, jusqu’à la crucifixion, mais l’évangile selon saint Jean est lui structuré autour d’un septénaire. Plus précisément, autour de sept signes, sept miracle qui servent de base à un enseignement : Cana et l’eau changée en vin ; La guérison du fils d’un officier ; La guérison d’un paralytique ; La multiplication des pains ; la guérison de l’aveugle-né à Siloé ; La résurrection de Lazare. Cela fait 6 signes. Le septième étant la résurrection.
Entre la résurrection de Lazare et le récit de la passion, historiquement plus détaillé que dans les autres évangiles, saint Jean insère un long discours. C’est le discours d’adieu de Jésus, qu’il prononce lors de son dernier repas. C’est par exemple là que vous avez le commandement nouveau de Jésus. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. Avec le prologue chez saint Jean et le discours sur la montagne chez saint Matthieu, ce discours d’adieu est pour moi le troisième texte le plus important des évangiles.
Merci frère Paul Adrien pour cette catéchèse sur les 4 évangiles. Et à demain pour la suite !
3. Les actes de apôtres
C’est l’heure de notre chronique de catéchèse. Nous continuons notre exploration du Nouveau Testament avec le fr. Paul Adrien
Nous continuons notre tour d’exploration du Nouveau Testament. Après les évangiles, nous passons aux Actes des apôtres, écrits par saint Luc, le médecin de saint Paul. Saint Luc a écrit un évangile et les actes. Ces deux livres devraient normalement se suivre, mais le Nouveau Testament intercale entre les deux l’évangile selon saint Jean. On parle moins du livre des Actes, et pourtant il est très important. Je me souviens d’un auteur de théologie qui expliquait que la grande œuvre de Jésus n’avait pas été ses miracles ni ses enseignements, mais la formation de ses disciples. De fait, on peut tout à faire lire le Nouveau Testament comme décrivant d’abord le long séminaire des apôtres puis la description de leur ministère.
Revenons aux Actes. Les actes des apôtres commencent par une longue introduction qui va de l’ascension à la pentecôte. C’est la lente mise en route de la prédication apostolique. On voit d’abord les apôtres qui ont peur et qui se cachent, puis Jésus leur promet une force venue d’en haut, ils décident de continuer l’œuvre de Jésus en élisant un nouvel apôtre et enfin arrive le don de l’Esprit Saint lors de la pentecôte. C’est alors que la prédication commence.
Dans une première longue partie, les actes des apôtres décrivent la prédication des apôtres dans le monde juif. C’est Pierre qui l’inaugure, malgré la haine des dirigeants juifs. Se met n place l’organisation de la première Eglise à Jérusalem. A cause de tensions internes, on met en place l’instruction des diacres. Le plus célèbre d’entre eux, Etienne, se fait lapider. C’est le proto martyr. C’est ainsi que saint Paul fait son entrée, par la petite porte. Il était celui qui encourageait les autres à lapider. Commence une première période de persécution, qui amène l’Eglise à fuir à l’extérieur, en Samarie, puis dans les villes païennes du monde gréco-romain. Pendant ce temps, saint Paul se convertit et saint Pierre admet Corneille dans l’église, le premier non-juif à être baptisé.
Commence alors la deuxième partie des actes des apôtres, avec la prédication des apôtres dans l’empire romain. La figure centrale devient saint Paul. Barnabé l’a appelé en renfort à Antioche. Ensemble, ils organisent la première mission itinérante. Les actes décrivent 3 grands voyages de saint Paul, d’abord avec Barnabé, puis avec Tite, Timothée et saint Luc. Finalement, saint Paul en se rendant à Jérusalem est arrêté. Il fait valoir sa citoyenneté romaine, ce qui lui vaut d’être déféré à Rome. C’est ainsi que les Actes s’achève sur la figure d’un apôtre prêchant l’évangile depuis le centre du monde d’alors, Rome.
Merci Frère Paul Adrien. Rappelons pour ceux qui le souhaiteraient que votre chronique est disponible sur votre chaîne YouTube. Je vous dis à demain.
4 Les lettres de apôtres
C’est l’heure de notre chronique de catéchèse et le frère Paul Adrien nous propose de réfléchir ensemble sur le livre du cardinal Sara « Des profondeurs de nos cœurs ».
Après les 4 évangiles et les actes des apôtres, nous continuons notre survol du Nouveau Testament. Paul est devenu l’instrument de Dieu pour faire connaître son évangile à toutes les nations. Il aurait bénéficié d’une révélation personnelle : Jésus lui serait apparu et l’aurait instruit. Et cela doit être vrai tellement le génie religieux de Paul est incompréhensible. C’est lui qui souligne l’importance fondamentale de la foi pour être sauvé, une foi qui culmine dans la charité. Le contenu de sa pensée est consignée dans des lettres que la tradition a conservées.
La tradition en a conservé 13, appelés épîtres. Elles sont classées de la plus longue (l’épître aux Romains) à la plus courte (l’épître à Philémon). Parmi ces treize lettres ou épîtres, 9 sont adressées à des communautés. La communauté romaine, la communauté chrétienne de Corinthe, etc. Ce sont les épîtres canoniques. 4 autres épîtres sont qualifiées de pastorales et s’adressent à des disciples de Paul. Tite, Timothée, etc. De grands débats existent entre historiens pour savoir quand exactement elles ont été écrites et qui, exactement, les a écrites. Ce que l’on appelle la pseudépigraphie. Certainement, la lettre aux Hébreux n’est pas de Paul, mais probablement d’un de ses disciples cherchant à reformuler sa pensée pour des chrétiens juifs. La majorité des historiens est d’accord pour dire que 7 lettres au moins sont de Paul. Pour les autres, le débat est ouvert.
J’attire votre attention sur 3 lettres en particulier. D’abord, la première lettre aux Thessaloniciens. Elle a été écrite en 50. C’est l’écrit le plus ancien du Nouveau Testament. Et puis, surtout la lettre aux Romains. C’est le premier écrit de théologie fondamentale jamais rédigé. C’est un texte peut être aussi important que le sermon sur la montagne de Jésus. Et voici une autre lettre presque aussi importante que la lettre aux Romains. C’est la première lettre aux Corinthiens, le premier manuel de théologie pratique. Paul montre comment le message de Jésus doit s’inculturer dans contexte donné : la nourriture, le mariage, etc. Le principe de l’inculturation étant la charité.
En plus des épîtres pauliniennes, il y a d’autres épîtres, plus courtes et moins nombreuses, écrites par d’autres personnes. Les deux épîtres de Pierre, les trois épîtres de saint Jean et l’épître de saint Jude. On les appelle les épîtres catholiques. Catholique car elles ne s’adressent ni à des individus, ni à des communautés, mais à tous les chrétiens. Ce sont, si vous voulez, les premières encycliques. Là encore, se posent des questions de pseudépigraphie, mais pour un premier survol, on va s’arrêter là.
Merci Fr. Paul Adrien. Nous nous retrouvons demain pour le cinquième et dernière partie du Nouveau Testament.
5 Et caetera
C’est l’heure de notre chronique de catéchèse et le frère Paul Adrien nous propose un survol du Nouveau Testament pour nous permettre de nous y retrouver.
Nous terminons notre survol du Nouveau Testament. Il peut être parfois difficile de s’y retrouver parmi tous ces textes. Si vous voulez commencer à mettre l’ordre, commencez par travailler l’évangile selon saint Matthieu, 40 pages environ. C’est le plus catéchétique. Et puis si vous voulez une autre approche, vous pouvez aussi commencer par lire les plus grands textes du Nouveau Testament. Dans les évangiles, trois textes sont des joyaux : le sermon sur la montagne dans l’évangile selon saint Matthieu (chapitres 5 et suivants), le prologue de l’évangile selon saint Jean (premier chapitre) et le discours d’adieu de Jésus dans l’évangile selon saint Jean (chapitres 13 et suivants). Pour se retrouver dans les Actes des Apôtres, le plus simple est de prendre une bande dessinée ou un film, sinon vous allez être perdus dans tous les noms qui sont donnés. Enfin, parmi les lettres de Paul, les plus importantes sont les lettres aux Romains et la 1ere aux Corinthiens.
Nous terminons maintenant en parlant de l’Apocalypse. C’est un livre intriguant à plusieurs niveaux. D’abord, aprce qu’il a failli ne pas appartenir au Nouveau Testament. Il en a même été exclu pendant longtemps. Un deuxième chose intrigante, c’est son auteur. Qui est-il ? La tradition y a vu saint Jean l’évangéliste exilé à Patmos. La recherche moderne est plus prudente. On parle parfois d’un prêtre appelé Jean, qui aurait appartenu à la communauté chrétienne fondée par saint Jean. La troisième chose intrigante du livre, c’est son style. Un style résolument ésotérique. C’est-à-dire volontairement obscur, et qui fonctionne par symbolisme. Rien de mieux, d’ailleurs, pour exciter l’imagination et permettre à tous ceux qui attendent la fin du monde de pouvoir se réclamer de lui.
Une fois que l’on a dit ceci, c’est probablement un des plus beaux livres de la Bible. La puissance des images est proprement hallucinante. Tout le monde connaît le dragon, la bête à dix cornes, la Jérusalem céleste. C’est aussi un livre d’une inimaginable richesse biblique : ses symboles reprennent toutes les visions des prophètes et vous font voyager de la genèse au Christ en une seule phrase par des allusions incessantes. C’est très étonnant.
Pour la structure, même si les exégèses ne sont pas d’accord, on peut repérer les septénaires successifs. C’est d’abord l’ange qui donne un message pour 7 églises. Puis le livre avec 7 sceaux, puis les 7 trompettes, les 7 fléaux, les 7 coupes et enfin la victoire finale. Je termine en vous citant la dernière phrase de l’Apocalypse, et donc de la Bible : Amen, Marana tha, viens, Seigneur Jésus ! Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous !
Merci frère. La semaine prochaine, un nouvel épisode de Théologie et Pop corn. En attendant, vous pouvez retrouver cette chronique sur la chaîne YouTube du frère Paul Adrien.
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