Mad Max : l'instinct de survie comme religion


1.    Mad Max : un classique


C’est l’heure de notre chronique Théologie et Pop Corn. Frère Paul Adrien, de quel film nous parlez-vous cette semaine ?

Hanté par un lourd passé, dans un monde à l’agonie, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Mais le voilà embarqué avec un groupe de femmes dans une histoire d’évasion qui le dépasse. Il s’enfuie avec elles à bord d'un camion piloté par l'Imperator Furiosa à travers la sinistre plaine de la désolation. C’est pour fuir la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe. Et ce Seigneur de guerre n’est pas content du tout…  Il envoie ses motards traquer impitoyablement les rebelles. Il s’agit de Mad Max, Fury Road un film de 2015 réalisé par Georges Miller.

Georges Miller, souvenez-vous, c’est celui qui avait réalisé les premiers Mad Max, une saga culte des années 80.  Une saga de vengeance, de western australien et d’apocalypse, le tout avec des voitures et des motos sur un fond d’humanité désespéré. Et si cela ne vous dit rien, au moins Mel Gibson vous dit-il quelque chose. C’est cette saga qui l’a fait connaître. Mais ça, c’était les années 80. Et Georges Miller n’avait pas encore pu tout dire. Alors il remet ça en 2005 avec Mad Max Fury Road. Souvent les remakes sont moins bons que les originaux, mais pas pour Georges Miller, qui a enfin pu tourner le Mad Max tel qu’il le rêvait alors, grâce aux effets spéciaux modernes.

Et voici le résultat : la série originale Mad Max était déjà considérée comme un classique du cinéma. Le remake Fury Road est en passe de devenir lui aussi un autre classique. Récompensé par 6 oscars, régulièrement élu meilleur film de la décennie des années 2010, c’est pour ma part le meilleur film d’action que j’ai vu depuis 15 ans.

C’est un pied de nez à un certain cinéma fade à force d’être civilisé. Des effets spéciaux réalisés par des vrais cascadeurs, et pas par images de synthèse. Une absence totale de scénario sans que cela nuise au suspens. Au contraire. Des bonhommes laids ou bodybuildés, des grosses cylindrés, des femmes mannequins, un machisme tellement poussé à l’extrême que les critiques ont fini par y voir un film féministe. Tout le monde s’y perd. Le héros qui défend la civilisation est un dément. Les voitures sont si kistch qu’elles deviennent belles. Des couleurs violentes, des hommes vociférant au point de devenir très esthétique, mais d’une esthétique basée sur la démesure. Le film n’est pas beau parce qu’il est joli, mais il est beau parce qu’il vous coupe le souffle. Le tout bâti sur une vision du monde plus subtile qu’il n’y paraît de prime abord.

Merci frère Paul Adrien. On continue demain avec ce film. Nous nous pencherons sur son contenu dystopique.

2.    Une dystopie réaliste. 


C’est l’heure de notre chronique Théologie et Pop Corn. Frère Paul Adrien, vous nous parler cette semaine de dystopie à travers un film des années 2000. Mad Max Fury Road. A vous la parole.

Dans un monde à l’agonie, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Mais le voilà embarqué avec un groupe de femmes dans une histoire d’évasion qui le dépasse. Il s’enfuie avec elles à bord d'un camion piloté par l'Imperator Furiosa à travers la sinistre plaine de la désolation. Il s’agit de Mad Max, un des plus grands films d’action des 10 dernières années.

Commençons avec le refus de Georges Miller d’utiliser des effets spéciaux trop numériques. Je cite. « Ce n’est pas un film de fantaisie. Il n'a ni dragons ni vaisseaux spatiaux. C’est un film très enraciné sur la terre. Il raconte comme une certaine folie et un certain comportement démentiel naît en nous dans un monde extrême, primitif et post-apocalyptique. Nous devions rendre ce film aussi réel que possible. » Qu’est-ce à dire ? Que Mad Max veut décrire de manière réaliste un monde qui a mal tourné. Ce que l’on appelle une dystopie. L’utopie, c’est la civilisation de nos rêves, la société parvenue au terme du progrès.  Eu, en grec, bon. Topos, le lieu. La dystopie, c’est le contraire. La civilisation qui fait le cauchemar de sa propre disparition.

Des dystopies, il y en a des vrais, il y en a des fausses. Divergentes, Hunger Games. Cela ressemble à une dystopie, mais en fait cela parle de jeunes gens qui font des crises d’adolescence. Cela ne veut pas dire que ce soit des mauvais films. Je rassure tout le monde, et oui, Valentine, je ferai une chronique sur Hunger Game. Ou bien Wolrd War Z, un film où la civilisation s’effondre à cause d’un virus. Mais Brad Pitt, le héros, reste civilisé. Dans Mad Max, la civilisation a disparu. Point à la ligne. C’est un film qui ne croit ni au progrès ni à la civilisation. Non pas qu’il la refuse, au contraire. Ce n’est pas un film d’anarchistes. Et le progrès et la civilisation ne sont présentés ni comme un acquis ni comme un idéal.

Et c’est là que le souci de réalisme prend son sens. Car le réalisme transforme la dystopie. Ce n’est plus une fiction, c’est une mise en garde. Dans les premiers Mad Max, on n’était pas dans la science-fiction. Le cauchemar était déjà là, présent sur les routes australiennes actuelles. Dans Fury Road, l’époque a changé, mais les changements se veulent crédibles et réalistes, construits à partir des problèmes que nous connaissons déjà. Alors les cascades seront faites avec des vrais cascadeurs, sur des vraies voitures, dont les carcasses ont vraiment été récupérés dans des garages.  Parce que Mad Max, c’est vous, c’est moi.

Et nous continuons demain avec la folie des héros.

3.    Suvivre chez Mad Max


Frère Paul Adrien, vous nous parler cette semaine de Mad Max, un film d’action plus subtil qu’il n’en a l’air.

Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Mais, il se retrouve embarqué dans une folle histoire d’évasion, dans une bande qui parcourt la plaine de la Désolation à bord d'un véhicule militaire piloté par l'Imperator Furiosa. Il s’agit de Mad Max, un des plus grands films d’action des 10 dernières années.

Voici une citation du film : « L’espoir est un leurre. Quand on ne peut pas réparer ce qui est cassé, on finit fou. » Prise à la lettre, cette phrase n’est pas chrétienne. D’une part, parce c’est Dieu qui répare, pas nous. D’autre part, parce que l’espérance ne déçoit jamais (ce que dit la Bible). Mais ceci n’est pas le sujet du film. Le sujet du film, c’est de dire que fuir est une erreur, et que si on ne met pas les mains dans le cambouis de notre vie pour la réparer, on finit dans la folie. Et c’est vrai. L’espoir peut être une fuite, et, dans le monde de Mad Max, c’est un luxe que l’on ne plus se permettre. Il n’y a pas plus ni hôpital psychiatrique, ni sécurité sociale ni antidépresseurs, mais seulement des barbares à vos trousses. Et le seul garde-fou qu’il vous reste quand on a tout perdu, c’est de se réfugier dans la folie. Ce que Max a fait. Mad Max.

Et on en vient à la question sur laquelle est construit le film. Que reste-t-il quand tout, les écoles, la police, tout a ont disparu ? Et bien, trois choses. La première, la plus importante, c’est l’instinct de survie. D’où la rage du film et son caractère animal. La deuxième chose, ce sont les voitures, belles, grosses, cylindrés. Puissantes et adaptées à un monde dur. Et la troisième chose qui reste…. Attention… Et bien, c’est la religion ! Oui, la religion !  

Comme je vous vois venir, je précise mon propos. Mon analyse n’a pas pour but de vous dire que Mad Max est un film philosophique ou religieux. Ce serait absurde et ce film n’est pas là pour faire passer un message. C’est un film d’action. Et le premier bugt de ce film n’est pas de vous faire réfléchir (cela se saurait) mais de vous couper le souffle (et il y arrive particulièrement bien). Par contre, dans un deuxième temps, quand on se demande comme ce film parvient si bien à couper le souffle, on réfléchit et l’on se dit que ce n’est pas simplement à cause des cascades, des grosses voitures, mais aussi parce qu’il joue sur des thème qui contribuent à créer une atmosphère lourde, un sentiment de destinée. Et parmi ces thèmes, il y a le thème religieux. Oui il y a des codes religieux, mis au service de l’action pour en souligner l’intensité, mais quand même présents. Et nous allons les décrypter.

Merci frère Paul Adrien pour cette chronique. Rappelons à nos auditeurs qui le souhaiteraient que vous avez mis cette chronique sur votre chaîne YouTube.

4.    La religion dans Mad Max


C’est l’heure de notre chronique Théologie et Pop Corn. Frère Paul Adrien, à vous la parole

Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Mais, il se retrouve embarqué dans une folle histoire d’évasion, dans une bande qui parcourt la plaine de la Désolation à bord d'un véhicule militaire piloté par l'Imperator Furiosa. Il s’agit de Mad Max, un des plus grands films d’action des 10 dernières années.

Je vous ai promis de parler de religion. Allons-y. Question : quel est l’équivalent du mot « survie » dans le vocabulaire religieux ? Il y en a deux. Le mot de « salut » et le deuxième est le mot « Rédemption ». Et c’est là que l’on revient à notre film. Car avec la volonté de survivre et les voitures, la quête d’une rédemption, c’est en fait tout ce qui reste dans le monde de Mad Max. Parvenu au bout de leur fuite, Mad Max explique à l’héroïne Furiosa que si elle fait demi-tour et retourne d’où elle s’enfuit, elle trouvera, je cite, une forme de rédemption. Le mot de rédemption étonne dans ce film. Pourtant ce n’est pas un accident. On l’avait déjà entendu dans la bouche d’Immortan Joe, le méchant, à la fois gourou, prophète et tyran. Il se présente comme le rédempteur d’un monde en ruine. Je le cite « Je suis votre rédempteur. C’est par ma main que vous renaîtrez. »

Justement, Immortan Joe. Immortan, l’immortel. Le rédempteur auto-proclamé qui a bâti une religion sur un nouveau veau d’or, sur un instrument de puissance chromé. Les voitures. Le culte au moteur V8. Cette idole possède son autel, son signe de croix (un geste des mains) et sa tenue cultuelle (une tâche de cambouis). Et toujours pour que vous évitiez de vous dire que cette religion est une simple fiction, la religion du V8 a vraiment existé. Au Etats Unis, dans les années 80. Cela fait réfléchir.

Donc, quand tout a disparu, les écoles, le progrès social, est-ce que la religion disparaît ? Réponse du film : non. Au contraire, c’est l’athéisme qui disparait. C’est l’athéisme qui est un luxe. Car, pour survivre, nous avons besoin de la religion et de pouvoir donner du sens et une portée symbolique à ce que l’on vit. Mais la religion, en ces temps troubles, le fera de manière plus tranchée. La gentillesse et la tolérance, conçues comme sommet de la vertu, s’en va. La miséricorde facile s’en va. Ce qui reste, c’est l’obsession de la mort et de la rédemption. Pour y répondre, nous dit le film, une religion trop civilisée serait inadaptée. Et l’adapter, cela risque de se traduire par une régression. Dans le film, la morale se réduit au sacrifice héroïque, la spiritualité au culte de la personnalité, l’au-delà à un paradis guerrier issu des religions scandinaviques. Le Whallah.  Les jeunes sont fanatisées, les masses asservies.

Merci frère Paul Adrien pour cette chronique. Ceux qui le souhaitent peuvent la retrouver au format vidéo sur votre page YouTube.

5.    La rédemption 


C’est l’heure de retrouver le frère Paul Adrien pour notre chronique Théologie et Pop Corn.

Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Mais, il se retrouve embarqué dans une folle histoire d’évasion, dans une bande qui parcourt la plaine de la Désolation à bord d'un véhicule militaire piloté par l'Imperator Furiosa. Il s’agit de Mad Max, un des plus grands films d’action des 10 dernières années. Dans ce monde post apocalyptique, ce film nous montre ce qu’il reste de la religion quand tout s’est effondré.

Dans ce film, pas de scénario, nous l’avons dit. Ou si peu que cela tient en une ligne : un camion qui fait un aller-retour. Mais cette simplicité est voulue. Elle permet de se concentrer sur l’action. Et elle contribue même à la richesse d’écriture de ce film. Car simplicité ne signifie pas pauvreté. L’utilisation dosée de quelques codes religieux donne à l’aller-retour de notre camion des allures de quête. On commence avec un rédempteur à fuir. Puis, Furiosa qui déclare chercher la rédemption, guidée par Angarod aux allures de prophétesses et par Max. A travers des remords et des visions, c’est lui qui trouve où est la rédemption. Alors, ils retournent à la citadelle, dépeinte cette fois-ci comme une sorte de paradis retrouvé.

La simplicité se retrouve aussi dans la foi des héros.  Personne dans ce groupe ne sait exactement ce en quoi ils croient. Mais ils croient en quelque chose et se battent pour cela. On voit une femme prier. A qui pries-tu ? lui demande son amie. Et elle de répondre : à qui veut l’entendre. Les croyances ne s’organisent pas en un corpus d’idées cohérentes et détaillées. Encore une fois, il s’agit d’un film d’action. Show, don’t tell, disent les anglais. Mais la simplicité est devenue un moyen d’exprimer une espérance tragique, rendue terre à terre par la force des choses, mais qui n'a plus la force de s'envoler au ciel mais qui cherche un salut pour tout de suite. .

Grâce à cette espérance, chacun des héros connaît une forme de rédemption. Furiosa à travers une forme d’espoir politique : fonder une communauté vivante. Nux, en se défaisant de son lavage de cerveau et en comprenant que l’on peut donner sa vie, par amour plutôt que par fanatisme. Max en quittant sa démence : il se libère de ses chaînes, se remet à parler, accepte d’aider des inconnus, et enfin retrouve son nom et son identité. Pour lui, la rédemption c’était racheté de sa culpabilité. Et sauver ces gens, c’est sauver ses enfants qu’il n’avait pu sauver.

Merci frère Paul Adrien pour cette chronique. Rappelons à nos auditeurs qui le souhaiteraient qu’ils peuvent retrouver cette chronique au format vidéo sur votre chaîne YouTube. Il suffit de taper frère Paul Adrien sur YouTube.

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