L'appel de la forêt : Walt Disney est-il devenu communiste ?


Sirotant paisiblement mon café dans mon couvent de Nancy, et préparant les prochaines chroniques avec mon invité surprise, mon regard tomba nonchalamment sur la feuille de chou locale, l’est républicain, avec un film à l’affiche cette semaine. L’appel de la forêt. Chic ! Vous êtes peut être comme moi, un fervent admirateur de Jack London, à qui vous devez quelques-unes de vous plus belles lectures de jeunesse. Croc Blanc, Le Loup des Mers. Alors, c’est dit c’est fait. Je fais un hors série Théologie et Pop Corn. Hors Série, cela veut dire que c’était pas prévu. Donc plus court et pas d’effets spéciaux. Ben cela va être compliqué de faire des montages vidéos avec un film disponible uniquement en cinéma. Mais rassurez-vous, la vidéo sur Twilight est dans les canaux et arrive. A la place, aujourd’hui, une interview d’Omar Sy en guise de support.

Aviez-vous lu le livre de Jack Lond ? Non j’avais lu Croc Blanc du même auteur, mais aux états uns l’appel de la forêt est un grand classique et reste une référence. On ne sait toujours pas si Omar Sy a lu le livre. Et en fait, je pense qu’il ne l’a pas lu. Et je le prouve.

Tout le monde dans sa vie rève d’avoir un Buck. Oui, j’espère que tout le monde en a un : un frère, un chéri, un ami. OK. Ah bas oui, allons-y. Je sors l’appel de la forêt. Dans les dernières pages. Fier d’avoir tué des Hommes, le plus noble des gibiers, Buck reniflait curieusement les cadavres, surpris d’avoir triomphé si facilement de ceux qui savaient se rendre redoutables à l’occasion…  Et aujourd’hui encore, parmi les Yeehats, on parle d’un ChienEsprit qui mène la bande des loups, et qui est plus rusé qu’aucun d’eux. Les hommes le redoutent, car il ne craint pas de venir voler jusque dans leurs camps, renversant leurs pièges, tuant leurs chiens et s’attaquant aux guerriers eux-mêmes. Parfois, ces chasseurs ne reviennent plus de la forêt, où l’on retrouve leur corps sans vie, la gorge béante. Et la légende de l’Esprit du Mal s’accroît d’un épisode de plus. Les femmes pleurent et les hommes s’assombrissent en y pensant.

C’est ça le compagnon idéal ? Un chien qui égorge les hommes, pire qu’un loup et hurlant dans la nuit comme un possédé ? Parce que c’est ça l’appel de la forêt. Call into the Wild. L’appel à la sauvagerie. Comment la cruauté des autres réveille notre propre bestialité. Retour en arrière.
Buck, c’est le contraire de Croc Blanc. Croc Blanc, c’est un livre où Jack London parle d’un loup qui finit plus ou moins domestiqué. Ca fait rêver tout le monde. Jack se dit, mince, ils n’ont rien compris. Je vais faire un deuxième livre pour rectifier. L’appel de la forêt. C’est fois ci, c’est le contraire, un chien qui retourne à l’état sauvage. Jack London se dit, maintenant, ils vont comprendre. Et ben, non apparemment.

On a aussi l’impression que l’animal est meilleur que l’homme. Mais l’homme, c’est un animal. Buck c’est un humain. Il donne des leçons à l’homme. Buck, c’est nous. C’est en tout cas ce que j’ai compris du livre.

Et ben Omar, vous êtes un très bon acteur, mais il faut que vous appreniez à lire. Je ressors l’appel de la forêt, dans l’épilogue écrit pas Jack London. En réalité ces deux romans étaient une protestation contre le procédé qui consiste à humaniser les animaux et dont il me semblait que certains écrivains avaient trop abusé. Donc, Jack London ne veut pas qu’on humanise les animaux. S’il en parle, ce n’est pas pour humaniser les animaux, mais animaliser les humains. Pour lui, l’instinct humain est juste un instinct animal développé mais pas plus. Si vous avez de la chance, votre instinct va s’adoucir. C’est Croc Blanc. Si vous n’avez pas de chance, votre instinct animal va se réveiller. C’est l’appel de la forêt. Et ça, c’est la pensée de Jack London : vous, votre caractère, votre pensée, vous est déterminé via un instinct qui sommeille en vous par votre environnement. C’est en fait le matérialisme historique, parce que, oui, Jack London était partisan du communiste. Plus exactement socialiste. A l’époque, c’était l’aile gauche des communistes. Et en fait l’appel de la forêt, c’est la vulgarisation pour enfants de la pensée communiste. Comment les sous hommes exploités, le Lupen Prolétariat, finissent par réveiller leur instinct de survie et tout casser de manière animale. Comme Buck Et oui ! Relisez le talon de fer et le loup des mers. C’est pas du tout, comme dit Allo ciné, trouver sa place dans le monde, en devenant son propre maître. On croit rêver.

Alors revenons à Walt Disney. Il y a quelque chose qui me chagrine dans cette espèce de rage à tuer les prophètes. Car Jak London était un prophète. Pas chrétien, mais pas sans grandeur. Ce que cela veut dire de l’homme, la vie en société d’un point de vue biologique et politique, le progrès conçu comme rapport de force, l’instinct de survie et la rage de la justice, Jack London, c’est un auteur moral passionnant. Alcoolique, communiste, passionnant. Bon, Walt Disney lui bâti un palace tout en effets spéciaux. Je suppose que cela reste un film divertissant pour les enfants. Voilà quelques questions pour finir. Pourquoi toujours édulcorer ? est-ce que les contes pour enfants sont moins beau quand ils parlent de l’angoisse des adultes ? est-ce que pour faire rêver des enfants, il faut forcément être niais ? 

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