Messiah, la nouvelle série de Netflix


Messiah


C’est l’heure de notre chronique Théologie et Pop Corn. Frère Paul Adrien, de quoi nous parlez-vous cette semaine ?

Je vous propose cette semaine de nous pencher, une fois n’est pas coutume, sur une série télévisée qui vient de sortir sur Netflix. Messiah. La série parle d’un homme dont l’apparition et le charisme suscitent le doute. Pendant 10 épisodes, on se demande si le personnage incarné par l’acteur belge Mehdi Dehbi est le Messie revenu sur terre ou un manipulateur. La série fait polémique, évidemment, comme à chaque fois que l’on traite d’un sujet religieux. En la regardant, on se sent vaguement mal à l’aise, mais sans trop savoir si l’on est mal à l’aise pour de bonnes ou de mauvaises raisons. D’où l’intérêt de vous proposer une analyse théologique de cette série. Mon opinion, pour ce qu’elle vaut est la suivante : malgré quelques maladresses et quelques longueurs, j’ai trouvé que cette série dénotait une certaine intelligence de la Bible et de l’homme.

La question à 100 points est : vrai ou faux Messie ? La série ne permet pas de répondre très clairement à la question. Et on en comprend bien la raison. Le scénario est construit autour de cette question, et tout le ressort de la série, tout le suspens dépend de cette question. Les scénaristes ne vont pas scier la branche sur laquelle ils sont assis. Mais nous, cela nous oblige à nous creuser la tête.

Premier constat. Cet hypothétique Messie se réclame autant du judaïsme que de l’islam ou du christianisme. Il parle hébreu, arabe et anglais. Il dit que les hommes ont érigé des frontières qui ne correspondent pas à la volonté de Dieu. Il cite aussi bien le Coran que la Bible. Il porte un habit jaune en Syrie, conformément aux prophéties de l’Islam. Et conformément aux prophéties de l’Evangile, il arrive en Amérique dans une tornade. Je vous rappelle. « Le fils de l’homme paraîtra dans les nuées et tous les peuples les verront ». Mais le Messie peut-il vouloir s’adresser à toutes les religions ?

Dans un certain sens, oui. Dans ses jours mortels, le Christ n’a parlé qu’aux Israélites. Mais, quand il reviendra, tous les hommes le verront dit l’Evangile. En plus, les juifs attendent encore le Messie. Et les musulmans attendent le retour d’Issa (Jésus). Et nous aussi. Le retour du Messie est un trait commun à ces trois religions. Pourquoi la série s’en priverait ? Je trouve l’idée très bonne et cela rajeunit le discours interreligieux. Notre point commun n’est plus en arrière (nous sommes tous les descendants d’Abraham, comme on l’entend souvent, ce qui est un poncif un peu passé), mais dans le futur. L’attente de la parousie. Cela permet même de prendre en compte l’athéisme. Beaucoup d’athées attendent la venue d’un champion. Un champion des libertés ou du progrès. De ce que vous voudrez. Mais au fond du cœur de tout homme, nous rappelle la série, il y a l’attente d’un sauveur.

Frère Paul Adrien, de quoi nous parlez-vous cette semaine ?

Politique et religion


C’est l’heure de notre chronique Théologie et Pop Corn. Frère Paul Adrien, de quoi nous parlez-vous cette semaine ?

Continuons notre analyse de la série Messiah, en ce moment sur Netflix. J’en profite pour remercier les personnes qui m’ont permis de la regarder. Pour savoir si le héros de la série est le Messie ou non, nous nous posons maintenant une deuxième question. Dans la série, notre hypothétique Messie joue sur deux tableaux à la fois : la politique et la religion. La série commence alors que la ville de Damas, assiégée par les terroristes de Daech, est sur le point de tomber. Et notre héros prêche la volonté de Dieu à des syriens désespérés. On le verra encore plus tard faire des propositions politiques à un président des Etats Unis Mormon ! Tout est mélangé.
D’où cette question : le Messie, quand il reviendra, mêlera politique et religion ? Et bien oui. C’est déjà ce que faisait Jésus. Jésus s’est adressé aux élites politiques de son temps : les scribes, les pharisiens, les centurions, les sadducéens. Et, dans la Bible, le titre de Messie est autant politique que religieux. Techniquement parlant, le premier Messie fut David (voire Saül). Messie, Christ, en grec. Celui qui est sacré par l’huile sainte. Mais qui est sacré quoi ? Et bien, celui qui est sacré « roi ». Le Messie, c’est le roi des juifs. Jésus ne cessa d’être acclamé comme « Fils de David », c’est-à-dire comme prétendant au trône. L’ambiguïté était telle qu’il a fallu que Jésus rappelle que son royaume n’était pas de ce monde. Mais cela n’a pas empêché la foule de vouloir le faire roi (Jean 6 :15). Et c’est comme roi que Jésus acceptera de se faire crucifier.
Et nous chrétiens, après tout, nous attendons le retour du roi de gloire. Et les royaumes terrestres, les états et les nations, sont censés être le lointain reflet de ce qu’on appelle la Jérusalem Céleste. La Bible nous dit que les pouvoirs politiques ont été voulus par Dieu. C’est une belle chose que la politique. Il faut que le Christ joue sur les deux tableaux, pour être un roi de gloire.
Une chose est très bien vue dans la série. C’est l’attitude en apparence passive de notre héros vis-à-vis de la politique. Est-ce qui lui confond politique et religion ou son entourage ? Les choses se font autour de lui. La série entretient le doute : manipule-t-il cette fille pour influer le cours du voyage et se retrouver à Washington ? avait-il vraiment prévu de rencontrer le président ? A-t-il une stratégie ? Certaines scènes le suggèrent. Ou bien est-ce cette passivité qui fait de lui un instrument du destin ? La question se pose pour lui. Elle se posait déjà pour Jésus, comme le note l’agent Geller. Pour Jésus, comme pour héros, il y a un sens du destin, un calme et une maîtrise de soi, un charisme, une connaissance du cœur des gens, qui les placent naturellement à l’origine du pouvoir politique.
Merci frère Paul Adrien pour cette chronique

La doctrine

 C’est l’heure de notre chronique Théologie et Pop Corn. Frère Paul Adrien, de quoi nous parlez-vous cette semaine ?

Continuons notre analyse de la série Messiah, en ce moment sur Netflix. Le héros principal, peut-il être le Messie revenu sur terre ? Troisième critère. Ce qu’il dit est-il compatible avec la doctrine catholique ? Dans la série, notre héros ne dit formellement rien d’hérétique. Il est vrai qu’il répond aux questions par d’autres questions. Mais Jésus faisait souvent la même chose. Et il prêche Dieu, la fin de l’histoire et la miséricorde. Comme Jésus. Au point que notre hypothétique Messie se présente comme le Verbe. Il dit que son Père sera révélé à la fin. Qu’en penser ? Pour l’instant pas grand-chose, sinon qu’il a raison de parler de Dieu. Et que nous devrions faire la même chose.

Alors, les miracles ? Mais les miracles ne peuvent être retenus comme critère de discernement. L’évangile prévient que de faux prophètes viendront, multipliant les prodiges au point d’égarer la multitude. Et quand même, notre héros fait un miracle que Jésus n’aurait pas fait. Il marche sur les eaux pour faire une démonstration. Jésus ne l’a pas fait devant une foule mais devant le cercle restreint de ses disciples. Ses miracles n’avaient pas pour but sa réputation. Mais c’est vrai aussi qu’il y a eu la multiplication des pains.  Un miracle qui lui a valu une telle gloire publique que Jésus a dû se cacher.

Alors la manière dont notre héros se sert des réseaux sociaux ? Jésus demandait aux miraculés de ne pas parler de lui. Ce qu’ils ne faisaient pas. Mais Jésus n’a pas dédaigné les acclamations de la foule lors des Rameaux. Certes, notre héros semble être à l’aise avec facebook et instagram. Mais, on ne peut pas dire qu’il l’encourage. Il dit que cela ne le dérange pas. Reste que c’est un moyen pour se faire connaître. On lui propose même un show télévisé. Jésus, lui, est censé revenir non pas sur un plateau télé, mais avec les anges sonnant la trompette. Un bouleversement instantané auquel personne ne pourra se soustraire. Mais, on peut aussi imaginer une période de préparation avant. Saint Matthieu dit que l’Evangile doit d’abord être proclamé partout dans le monde.

Une chose empêche formellement notre héros d’être le Messie. On connaît ses parents. On apprend son nom, Payam, et celui de son frère. Il n’est donc pas le fils de Dieu. J’avoue même avoir été étonné que la série lui donne une famille. Cela restreint le choix des possibilités et diminue le mystère. Je m’attends à ce que dans la saison 2, ils reviennent dessus. Et je note que s’il ne peut être le Messie, d’autres questions demeurent : un prophète de la fin des temps ? un escroc ? un cavalier de l’apocalypse ?
Merci frère Paul Adrien pour cette chronique

Au temps de Jésus


C’est l’heure de notre chronique Théologie et Pop Corn. Frère Paul Adrien, de quoi nous parlez-vous cette semaine ?

Continuons notre analyse de la série Messiah, en ce moment sur Netflix. Le héros principal, Payam, peut-il être le Messie revenu sur terre ? A priori non, avons-nous dit. Mais cela laisse encore beaucoup de possibilités : prophète, faux prophète, antichrist, fou, manipulateur, homme de bonne volonté. C’est sur ce flou que nous nous penchons. Donnons-lui tout son poids, quitte à faire un anachronisme. Jésus, donnez-lui des chaussures Addidas et un aspect moderne. Quelle serait la différence entre Jésus et Payam ? Jésus donnait-il la même impression à ses contemporains que nous, Payam, quand nous regardons cette série ?

C’est finalement beaucoup plus facile pour nous d’être chrétiens maintenant qu’à l’époque de Jésus. Le message de Jésus n’a plus à faire ses preuves. Les siècles ont prouvé que Jésus n’est pas un manipulateur. Mais à l’époque ? Je vous ai parlé des origines trop humaines de notre héros. Je vous ai dit que cela empêchait d’y voir le Messie. Mais à l’époque de Jésus, personne n’était au courant de la virginité de Marie. Le Nouveau Testament n’était pas encore écrit. Tout était flou aux yeux des apôtres. Pour eux, Jésus avait des frères. Et, d’ailleurs pour eux, le titre de Messie n’était pas un titre divin.

Dans la série, Payam fait des miracles. Certains le croient, d’autres pensent que c’est de la magie ou de l’illusion. Mais, Jésus ? les pharisiens pensaient qu’il avait passé un pacte avec le diable. Hérode croyait qu’il faisait de la magie. Dans la série, Payam est critiqué par son frère. Mais Jésus ? ses frères voulaient le faire interner : « il a perdu la tête » disaient-ils. Dans la série, Payam se coule dans les attentes des foules désespérées et dans la misère affective des gens. Comme Jésus. Payam dit que c’est Dieu qui agit à travers la foi des gens. Jésus disait : « Va-ta foi t’a sauvé ».

A l’époque de Jésus, Payam aurait vraiment pu être pris pour le Messie et pas que pour des mauvaises raisons. Les parallèles avec Jésus sont tellement nombreux que l’on se demande même si les scénaristes ne se sont pas dit : « Imaginons que Jésus soit né aujourd’hui ». La scène sur les marches du temple de Jérusalem rappelle la purification du temple. La scène avec la prostituée rappelle Marie-Madeleine. Le président des Etats-Unis qui veut voir en secret Payam rappelle Nicodème. Payam a des amis terroristes. Oscar Wallace. Jésus aussi en avait. Un apôtre même. Simon le zélote. Tant et si bien que notre hésitation devant cette série signifie : Comment me serai-je positionné au temps de Jésus. l’aurais-je suivi ? aurai-je crié à l’imposteur. D’une certaine manière, cette série nous juge.

Merci frère Paul Adrien pour cette chronique

Et si cela arrivait


C’est l’heure de notre chronique Théologie et Pop Corn. Frère Paul Adrien, de quoi nous parlez-vous cette semaine ?

Terminons notre analyse de la série Messiah, en ce moment sur Netflix. Le héros principal, Payam, peut-il être le Messie revenu sur terre ? Cette série est profonde et nous révèle une partie de nous-mêmes. Ce que nous pensons de Payam reflète pour une part ce que nous pensons de Jésus. « Le temps est révolu, dit Payam. Vous êtes les jugés. Je suis venu briser le miroir. Ce que vous verrez, c’est ce que vous aurez choisi de croire ». 

Imaginons que cette histoire se passe vraiment. Dans, la série, le Vatican a été contacté et doit donner sa réponse. Laquelle ? Evidemment, on ne va pas dire que c’est le Messie revenu sur terre. Mais un prophète ? un charlatan ? quelqu’un à suivre ? quelqu’un à éviter ? Après tout, il prêche la volonté de Dieu et la miséricorde. Alors quoi ? Ecoutez ce qu’il dit au Président des Etats Unis. « Jusqu’où irez-vous pour instaurer les milles ans de paix ? » Mille ans de paix : c’est une prophétie de l’Apocalypse, au chapitre 20. Mille ans de paix doivent se passer avant l’arrivée de l’anti-christ. En tant que chrétien, c’est une prophétie que je prends très au sérieux. Pas dans le sens littéral, ce qu’on appelle le millénarisme, mais quand même. Et si un prophète me proposait d’y participer, mon devoir serait de le suivre…

Ecoutez ce qu’il dit « Regardez où vous vous tenez. Une ville étincelante sur une colline (c’est une référence à l’évangile), le pays des braves et des hommes libres (référence à l’hymne américain). Défendre la justice et la liberté. Ces mots sonnent-ils vrais à vos oreilles.  Quand avez-vous apporté la liberté ? » C’est une vraie question, qui remet en cause notre perception de nous-mêmes, de la démocratie et du progrès. Les disciples de Payam sont marqués par la misère : misère politique comme Djibril en Palestine. Misère familiale et conjugale comme la famille du pasteur américain. Mais on est censé m’occuper d’eux, au nom de Dieu. Et c’est ce qu’il dit. Alors faut-il le suivre ?

Evidemment, prudence. Le plus troublant, et donc le plus excitant, comme le dit justement l’agent Geller, c’est qu’avec ce genre de personne, on ne sait pas jusqu’au cela va aller. On ne connaît pas son programme. Si ce n’est ce à quoi notre héros ne cesse de se référer : le destin et de la volonté de Dieu. Réponse à la fois étrangement vide et étrangement pleine. Alors qu’aurait-dit le Vatican ? Rien ne permet de le condamner. On ne saurait non plus inciter à le suivre. Le plus simple, en attendant la saison 2, est de se convertir avant. La question tombera d’elle-même.

Merci frère Paul Adrien pour cette chronique

Commentaires

  1. Et bien si vous avez le temps de voir les séries, de faire YouTube,.. je comprend que les prières payantes... et chaque mois... c'est une
    sacré business 🙏

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