Les symboles de l'Esprit Saint


1 Le vent


Nous retrouvons le frère Paul Adrien pour une nouvelle chronique de catéchèse. Cette semaine nous nous replongeons dans l’Esprit Saint.

Dans la Trinité, la dernière personne divine dont la Bible va raconter la manifestation est l’Esprit Saint. Et c’est cette manifestation que je vous propose de décrire dans la chronique de cette semaine. Nous allons la décrire à la manière de la Bible, à l’aide de symboles. Et voici le premier : le vent, le souffle. C’est le plus important des différents symboles pour parler de l’Esprit. C’est lui qui donne son nom. Esprit, du latin, spiritus : le souffle, le vent. C’est ce même mot que l’on retrouve dans spirituel : la vie spirituelle, c’est la vie inspirée par le souffle de l’Esprit.

Dans la Bible, l’Esprit se manifeste d’abord comme un souffle de vie.  C’est cet Esprit qui planait comme un vent sur les eaux lors de la création. C’est encore cette brise légère dont parle 1 Rois 1,11. « À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau. ». C’est encore le vent de l’Esprit que l’on retrouve dans la vision des ossements desséchés lorsqu’Ezéchiel prophétise : « Esprit, viens des quatre vents, et souffle sur ces morts. » (37 : 9). On le retrouve encore dans le discours de Jésus à Nicodème : « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit. » Jean 3 :8. Ou encore dans cette apparition de Jésus ressuscité. Jean 19 :21 : « Ayant ainsi parlé, il répandit sur ses apôtres son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. » »

Le vent manifeste l’Esprit. Aérien et subtil. Mais aussi vivant comme le souffle de vie. La vie au plus intime de nous-mêmes. Tenez, tentez l’expérience, vous faites la cuisine, vous repassez ou vous conduisez ? Inspirer et expirer le plus lentement possible. Respirez lentement, délicatement, et vous verrez et vous comprendrez pourquoi saint Paul dit que le souffle scrute les profondeurs de l’âme. L’Esprit Saint, c’est la respiration de Dieu. Vivre de l’Esprit Saint, cela ne veut rien dire d’autre que laisser Dieu respirer en nous. La Bible parle de ce Souffle Saint comme d’une colombe. Lors du baptême de Jésus, « voici que, du ciel, l’Esprit Saint descendit comme une colombe ». La colombe pour nous symbolise la paix et l’innocence. Mais elle suggère aussi et avant tout cette vie ailée et inspirée. C’est la brise que la colombe forme en battant doucement l’air de ses ailes, ce battement d’air qui descend jusqu’à nous. Vivre de l’esprit consiste à sentir en nous ce souffle, et à nous laisser pousser dans telle ou telle direction.

C’était le premier symbole de l’Esprit Saint, le souffle. Nous continuons demain notre chronique par un nouveau symbole.

2 L’huile


Après le vent, l’huile. C’est frère Paul Adrien qui nous parle des symboles de l’Esprit Saint dans la Bible.

L’Esprit Saint est une personne divine tellement discrète que, pour décrire sa manifestation, la Bible semble parfois un peu embêtée et multiplie les symboles. Après le vent, c’est l’huile qui est peut-être le symbole le plus souvent utilisé. C’est d’ailleurs celui que la liturgie chrétienne a retenu en utilisant de l’huile sainte, dans le sacrement de la confirmation, le saint Chrême, c h r ê m e. Chrême, le même mot quasiment que Christ, ou chrétien. Littéralement, c’est celui qui a été oint, du verbe oindre, c’est-à-dire qui a été consacré en recevant une onction, embaumé d’huile. Les chrétiens sont ceux qui ont été embaumé par l’Esprit Saint. L’Esprit Saint se manifeste comme un souffle mais aussi comme un baume.

L’huile, dans l’antiquité, était d’un usage très fréquent. C’était le bicarbonate de soude de l’époque. Avec du bicarbonate, vous lavez vos éviers, vous désodorisez les placards. On peut même se laver les dents avec. Dans l’antiquité, avec de l’huile, on faisait tout. Des médicaments. L’évangile selon saint Marc dit que « les apôtres faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient ». On s’en servait pour cuisiner évidemment. Comme vous peut-être en ce moment. Moi, je viens de Normandie et je fais la cuisine au beurre… Que voulez-vous… Bref. On utilisait l’huile pour faire des parfums, pour faire luire la peau des visages. On s’en servait aussi lors des combats de gladiateur pour échapper plus facilement aux prises de l’adversaire.

Tous ses usages rappellent la manifestation de l’Esprit Saint. Il permet d’échapper aux prises de l’adversaire. C’est l’huile des catéchumènes. Elle donne la force du Saint-Esprit aux catéchumènes pour échapper au diable dans le sprint final qui doit les amener au baptême. L’Esprit Saint est un médicament qui guérit ce qui est brisé dans nos âmes, voire dans nos corps. C’est l’huile que l’on utilise lors du sacrement des malades. C’est encore ce qui sent bon, le parfum de Dieu. Ainsi du saint Chrême qui est parfumé. Ou de l’encens.

Enfin l’huile est un baume, une pommade qui pénètre au fond de nous. C’est pourquoi les anciens l’utilisaient pour sacrer les rois. C’est la personne qui devenait sacrée, embaumé. C’est avec une onction d’huile que furent sacrés, dans la Bible, les premiers Christ, c’est-à-dire les premiers rois juifs. Dans le premier livre de Samuel 10, on lit que Samuel prit une fiole d'huile et la versa sur la tête de Saül. Et il l'embrassa et dit : L'Éternel ne t'a-t-il pas oint pour être chef sur son héritage ? […] Et l'Esprit de l'Éternel te saisira, et tu prophétiseras avec eux, et tu seras changé en un autre homme. Et lorsque ces signes te seront arrivés, tu feras ce qui se présentera à toi, car Dieu est avec toi. »

Merci frère Paul Adrien pour ce topo. Je rappelle à nos auditeurs qu’ils peuvent retrouver votre podcast sur votre chaîne YouTube.

3 Le feu


Frère Paul Adrien vous nous parlez des symboles de l’Esprit Saint dans la Bible. Après le vent, l’huile, aujourd’hui l’eau. Le caté en 3 minutes, c’est tout de suite sur RCF Nancy

C’est dans l’évangile selon saint Jean que le symbole de l’eau est le plus utilisé pour parler de la manifestation de l’Esprit Saint. Ainsi, saint Jean relate ce cri de Jésus : « Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. » Et l’évangéliste ajoute : « Jésus dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui » (Jn. 7 : 38-39). Toujours dans saint Jean, Jésus déclare à la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » Et il ajoute : « L’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jn. 4 : 14). La tradition a vu dans cette promesse de l’eau vive faite par Jésus à la Samaritaine l’Esprit Saint, et plus particulièrement, l’Esprit Saint en tant qu’il étanche la soif, en tant qu’il apaise notre désir de Dieu.

A cause de ce lien entre Esprit et eau, la tradition a encore vu dans la mort de Jésus sur la croix le don de l’Esprit Saint. Ecoutez saint Jean : « Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes,mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. »

Cette manifestation liquide de l’Esprit Saint avait été prédite dans l’Ancien Testament. Isaïe le dit : « Je répandrai l’eau sur ce qui est assoiffé, des ruisseaux sur la terre desséchée. Je répandrai mon esprit sur ta postérité, ma bénédiction sur tes descendants. » (44 : 3).  Mais c’est principalement la vision du fleuve d’eau vive par Ezéchiel qui va marquer la tradition (47) : « Voici : sous le seuil de la Maison, de l’eau jaillissait vers l’orient, puisque la façade de la Maison était du côté de l’orient. L’eau descendait de dessous le côté droit de la Maison, au sud de l’autel. » Ce fleuve, qui coule du côté du temple, grossit peu à peu pour devenir un fleuve infranchissable qui donne la vie à tout ce qui l’entoure.

Les chrétiens ont très tôt fait le lien entre la  vision d’Ezéchiel, le fleuve d’eau vive qui coule du temple, la vision de saint Jean, l’eau qui coule du côté du Christ. L’apocalypse va reprendre cette vision dans sa prophétie finale (22). La vision est tellement belle que je ne résiste pas au plaisir de vous la lire : « Puis l’ange me montra l’eau de la vie : un fleuve resplendissant comme du cristal, qui jaillit du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de la place de la ville, entre les deux bras du fleuve, il y a un arbre de vie qui donne des fruits douze fois : chaque mois il produit son fruit ; et les feuilles de cet arbre sont un remède pour les nations. » Tout est dit dans cette vision : l’eau donne la vie, qui étanche le désir d’éternité, et qui purifie le cœur humain. Cette eau, c’est l’Esprit Saint qui coule du côté du Christ.

Après le vent et le souffle, c’était le troisième symbole de l’Esprit Saint. Demain, ce sera le feu.

4 Le feu


Nous continuons notre chronique de catéchèse express avec le frère Paul Adrien. En trois minutes, vous nous parlez aujourd’hui d’un autre symbole de l’Esprit Saint.

Oui, pour parler de la manifestation de l’Esprit Saint, la Bible multiplie les symboles : le vent, la colombe. Parfois même, elle va utiliser des symboles contraires. Nous parlions la dernière fois de l’eau, nous parlons maintenant du feu. L’Esprit Saint est à la fois eau et feu ! C’est bien la preuve que ces symboles ne désignent pas ce qu’est l’Esprit Saint. Il ne peut pas être les deux à la fois, mais la manière dont il agit. Il est comme l’eau car il donne la vie, purifie et étanche la soif et le désir. Mais il est aussi comme le feu car il purifie en donnant la ferveur et la charité qui embrase les coeurs.

L’Ancien Testament nous en parle déjà à travers le buisson ardent qui vit Moïse : « L’ange du Seigneur lui apparut dans la flamme d’un buisson en feu. Moïse regarda : le buisson brûlait sans se consumer. » (Ex 3). Ce buisson qui brûle sans se consumer, c’est le cœur enflammé par Dieu, Dieu qui enthousiasme sans détruire. Ceci, dans la bouche de Jean le Baptiste, va devenir une prophétie : « Le Christ vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.» (Mat. 3 : 11-12 et Luc 3 : 16-17). Et ce feu qui purifie et qui enthousiasme est repris comme une promesse par Jésus.  Voici une phrase de Jésus: « Tout homme sera salé de feu » (Marc 9 : 49). Et en voici une autre qui suggère la ferveur de l’Esprit Saint : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » Luc 12 :49

C’est dans les Actes des Apôtres, où l’on passe de la promesse de l’Esprit Saint au don effectif et à sa manifestation pleine et entière. C’est la Pentecôte. Un événement fondateur pour l’Eglise. A cause du don de l’Esprit Saint sous forme de langue feu, la Pentecôte est devenue avec Noël et Pâques une des trois fêtes majeures du catholicisme. Je vous cite Actes 2 : « Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. »

Le passage que je viens de vous lire est un passage clé car il suggère non seulement que l’Esprit Saint est un feu qui purifie, mais aussi qu’il est un feu qui embrase le monde entier et qui donne la force et la capacité de témoigner de l’amour du Christ pour nous. Il apparaît sous la forme d’une langue de feu, et il donne aux apôtres le charisme de parler diverses langues, comme il leur donnera de pouvoir faire des miracles. Le feu, c’est l’Esprit Saint qui se manifeste dans sa puissance.

Merci frère Paul Adrien. Nous nous retrouvons demain pour clôre notre chronique hebdomadaire.

5 La nuée, la main et le sceau


Aujourd’hui vendredi, nous terminons notre chronique de catéchèse express sur les symboles de l’Esprit Saint avec le frère Paul Adrien.

La Bible multiplie les symboles en parlant de l’Esprit. Le feu, le vent, l’eau, la colombe, l’huile. Et il y en a encore d’autres, moins connus : la nuée, la main, le sceau.

 La nuée, c’est une lumière tellement éblouissante que, par excès de lumière, elle en devient opaque. C’est dans la nuée de l’Esprit que pénètre Moïse sur le mont Sinaï (Ex 33) « Le Seigneur appela Moïse du milieu de la nuée. La gloire du Seigneur apparaissait aux fils d’Israël comme un feu dévorant, au sommet de la montagne. Moïse entra dans la nuée et gravit la montagne. » C’est elle que l’on retrouve lors de la marche des Hébreux (Exode 40, 36-38). C’est encore elle qui recouvre Marie lors de l’annonciation. Voici ce que dit Gabriel: « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ». C’est toujours cette nuée de l’Esprit dans laquelle pénètrent les apôtres lors de la Transfiguration (Luc 9, 34-35), celle qui enlève Jésus au ciel lors de son ascension (Actes 1, 9).  La nuée, c’est le mystère de Dieu, sa gloire transcendante. L’Esprit Saint.

Mais il y a aussi la main ! Ce symbole est important car la liturgie l’a conservé. C’est en effet en imposant les mains que Jésus guérit les malades et qu’il bénit les enfants. Et c’est encore par l’imposition des mains que les apôtres confèrent l’Esprit Saint. (Actes 8 :17). Parfois, plutôt que de main, on parle de doigt pour désigner l’action de l’Esprit Saint. Cela vient d’une phrase de Jésus : Mais si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est survenu pour vous. (Luc 11,20). Il y a enfin un dernier symbole, le sceau, du verbe sceller. Comme dit Jean 6 Jésus a été marqué du sceau de Dieu. Et saint Paul ajoute dans la Deuxième lettre aux Corinthiens au chapitre 1 : Dieu nous a marqués de son sceau, et il a mis dans nos cœurs l’Esprit, première avance sur ses dons.

Terminons en mettant un peu d’ordre dans tous ces symboles. Car, finalement, ils ne décrivent qu’une seule et même chose : la manière dont l’Esprit Saint nous fait expérimenter la présence de Dieu. Cette présence est d’abord perçue de loin comme un mystère glorieux. Comme une nuée. Pour pénétrer dedans, l’Esprit Saint doit être reçu. Comme une imposition des mains. Alors l’Esprit Saint que nous recevons pénètre en nous. Comme une l’huile. Et il pénètre au plus profond de nous. Comme le souffle. De là, il purifie et apaise notre âme. Comme l’eau. Mais ravive en nous l’amour de Dieu. Comme le feu. Cette brûlure qui nous purifie nous marque au plus profond de nous de manière irrévocable. Comme un sceau.

Merci frère Paul Adrien pour cette chronique de catéchèse. Nous nous retrouvons la semaine prochaine pour parler de cinéma.

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