L’étrange Noël de Monsieur Jack : le monde de la fête
1. Halloween et Noel
Et nous retrouvons le frère Paul Adrien d’Hardemare, dominicain, pour sa
chronique de cinéma “théologie et pop corn”, avec un film cette semaine en lien
avec le calendrier.
Halloween
oblige, nous parlerons cette semaine d’un classique du cinéma d’animation :
L’étrange Noël de Monsieur Jack, produit par Tim Burton en 1993. Mais,
direz-vous, c’est un film qui parle de Noël, pas d’Halloween. Ecoutez plutôt :
tout commence avec Jack. Jack est le roi de la ville Halloween, mais Jack a
beau être le roi de la fête des citrouilles, Jack s’ennuie. Peut-être comme
vous dans votre voiture. Un jour de solitude et de neige, errant au gré de sa
mauvaise humeur, Jack découvre une ville jusque-là inconnue : la ville de Noël.
Jaloux de ce qu’il voit, Jack le roi d’Halloween kidnappe le père Noël.
Tout au long du film, Halloween et Noël vont être mis en parallèles. Profitons-en pour revoir les points communs entre ces deux fêtes. Premier point commun, les deux fêtes ont une origine païenne. Il y a environ 3000 ans, en Irlande, les celtes fêtaient la fin de l’année non pas le 31 décembre, mais le 31 octobre. Et la dernière nuit de l'année celte, le 31 octobre, appartenait au dieu de la mort. Pour faire fuir les fantômes qui rôdent, les celtes étaient obligés de se déguiser avec des costumes qui feraient peurs aux morts eux-mêmes : la fête d’Halloween. Quant à Noël, c’est une fête romaine. Dies natalis solis invicti. L’anniversaire du soleil invaincu. Dans la nuit la plus longue de l’année, le soleil qui a paru un instant faiblir, voire mourir, renaît plus fort et plus brillant. Les nuits raccourcissent, les journées rallongent. C’est Noël. Vous notez, en passant, que Noël aurait dû être fêté le 21 décembre, mais en raison des fêtes saturnales romaines, un empereur l’a reporté au 24 décembre.
Deuxième point commun : les deux fêtes ont été christianisées. Le 24 décembre devient à Rome dès le IVe siècle le symbole de la naissance de Jésus, le vrai soleil invaincu. Quand à Halloween, son nom évoque la Toussaint : Hallow, saint. Eve, la veille. Halloween, la veille de la Toussaint. Que ce soit le le pape à Rome pour Noël, ou les moines en Irlande pour Halloween, on va s’efforcer de canaliser la ferveur païenne pour lui donner un nouvel objet : l’espérance chrétienne. La vie après la mort à Halloween, Dieu venu parmi nous à Noël.
Et, dernier point commun, ces deux fêtes chrétiennes sont redevenus païennes. Ou plutôt consuméristes. Car le moteur de ces deux fêtes aujourd’hui, c’est le commerce de masse. C’est la marque Coca Cola qui a rhabillé le père Noël en rouge, de vert qu’il était. Et ce sont les commerçants qui ont introduit la fête américaine d’Halloween en France pour favoriser la dépense. Pour favoriser la dépense, on pousse les enfants à célébrer la mort à Halloween à coup de déguisements et de bonbons, et à célébrer la vie à Noël, à coup de cadeaux et de bonbons. Mais, dans le film comme dans la réalité, c’est une seul fête à deux mois d’écart que les enfants célèbrent de nos jours. Une fête à deux faces : la mort en octobre Halloween et la vie en décembre Noël.
Tout au long du film, Halloween et Noël vont être mis en parallèles. Profitons-en pour revoir les points communs entre ces deux fêtes. Premier point commun, les deux fêtes ont une origine païenne. Il y a environ 3000 ans, en Irlande, les celtes fêtaient la fin de l’année non pas le 31 décembre, mais le 31 octobre. Et la dernière nuit de l'année celte, le 31 octobre, appartenait au dieu de la mort. Pour faire fuir les fantômes qui rôdent, les celtes étaient obligés de se déguiser avec des costumes qui feraient peurs aux morts eux-mêmes : la fête d’Halloween. Quant à Noël, c’est une fête romaine. Dies natalis solis invicti. L’anniversaire du soleil invaincu. Dans la nuit la plus longue de l’année, le soleil qui a paru un instant faiblir, voire mourir, renaît plus fort et plus brillant. Les nuits raccourcissent, les journées rallongent. C’est Noël. Vous notez, en passant, que Noël aurait dû être fêté le 21 décembre, mais en raison des fêtes saturnales romaines, un empereur l’a reporté au 24 décembre.
Deuxième point commun : les deux fêtes ont été christianisées. Le 24 décembre devient à Rome dès le IVe siècle le symbole de la naissance de Jésus, le vrai soleil invaincu. Quand à Halloween, son nom évoque la Toussaint : Hallow, saint. Eve, la veille. Halloween, la veille de la Toussaint. Que ce soit le le pape à Rome pour Noël, ou les moines en Irlande pour Halloween, on va s’efforcer de canaliser la ferveur païenne pour lui donner un nouvel objet : l’espérance chrétienne. La vie après la mort à Halloween, Dieu venu parmi nous à Noël.
Et, dernier point commun, ces deux fêtes chrétiennes sont redevenus païennes. Ou plutôt consuméristes. Car le moteur de ces deux fêtes aujourd’hui, c’est le commerce de masse. C’est la marque Coca Cola qui a rhabillé le père Noël en rouge, de vert qu’il était. Et ce sont les commerçants qui ont introduit la fête américaine d’Halloween en France pour favoriser la dépense. Pour favoriser la dépense, on pousse les enfants à célébrer la mort à Halloween à coup de déguisements et de bonbons, et à célébrer la vie à Noël, à coup de cadeaux et de bonbons. Mais, dans le film comme dans la réalité, c’est une seul fête à deux mois d’écart que les enfants célèbrent de nos jours. Une fête à deux faces : la mort en octobre Halloween et la vie en décembre Noël.
Merci père d’Hardemare. Nous creuserons notre réflexion sur Halloween
demain. Le temps pour vous de voir ou revoir ce film : l’étrange Noël de
Monsieur Jack…
2. Jack le Navet
Jack est le roi des citrouilles de la ville Halloween. Un beau jour, il
découvre la ville de Noël et décide de célébrer lui-même cette fête étrange. Il
décide tout simplement de kidnapper le Père Noël et de le remplacer. C’est
l’étrange Noël de monsieur Jack, un film de Tim Burton. Et nous en parlons
cette semaine avec le frère Paul Adrien d’Hardemare.
Nous
continuons notre réflexion avec le héros du film : Jack. Et nous commençons par
une surprise : le saviez-vous ? A l’origine, Halloween se fêtait non pas avec
une citrouille mais un navet. C’est en immigrant d’Irlande aux Etats Unis que
le navet s’est transformé en citrouille. Car s’il est abondant en Irlande, le
navet est plus rare aux Etats Unis et on l'a remplacé par une citrouille. Pour
nous, ce serait l'inverse. Il y a plus de chance que vous fassiez une purée de
navet pour midi que de citrouille. Mais revenons à Halloween. Quel rapport me
direz-vous entre un navet et Jack ? Et bien, à l’origine, à Halloween, on
prenait un navet que l’on sculptait en forme de visage humaine. On évidait le
navet pour mettre une bougie à l’intérieur. On promenait alors cette tête
fantomatique au bout d’une tige. C’était Jack la lanterne -
Jack-O-Lantern en anglais, le héros de notre film, l’étrange Noël de
Monsieur Jack. Lequel d’ailleurs a une tête de navet sculpté dans le
film.
Et je ne résiste pas au plaisir de vous raconter l’histoire de Jack la lanterne. A l’origine, Jack était un feu follet. Je n’ai jamais vu de feu follet, mais j'admets volontiers que ces feux qui se baladent au milieu de nul part soient impressionnants. On les prenait pour des esprits venus d’un autre monde, le monde des morts. Nous sommes en pleine célébration païenne d’Halloween, c’était il y a 3000 ans. Le monde des vivants et le monde des morts n’étaient pas étanches, et il fallait se doter de frontières efficaces pour se protéger. D’où Jack la lanterne, sorte d’épouvantail à feux follets. Puis Halloween s’est christianisé. Les feux follets sont devenus associés aux âmes errantes du purgatoire, les âmes qui attendent le jugement dernier avant de parvenir au ciel. Et c’est ainsi que Jack est devenu un homme.
C’est un homme. Ou plutôt, c’était un homme, un fieffé roublard, avare, ivrogne, orgueilleux, une canaille. Un soir, dans une taverne, notre Jack fait la connaissance du Diable, qui lui propose un pacte diabolique : vendre son âme en échange de pouvoirs. Mais Jack n’est pas né de la dernière pluie : il demande au Diable de lui offrir un dernier verre. Aussitôt, le Diable se transforme en pièce de six pence. Sur la pièce est gravée une croix d’argent : le Diable est prisonnier de la pièce ! Jack obtint du diable un répit de 10 ans. Dix ans plus tard, rebelote ! je vous passe les détails. Finalement, Jack arrache au diable la promesse de ne pas terminer en enfer. Et lorsque Jack meurt, non seulement l’entrée au paradis lui est refusée, à cause de sa vie d’ivrogne, mais l’enfer également ne veut plus de lui. Jack réussit à convaincre le Diable de lui donner une braise tirée du feu de l’enfer. Il place alors la braise dans un navet creusé en guise de lanterne, et sans lieu de repos, il part hanter les landes irlandaises. Chaque année, il réapparaît le jour de sa mort, à Halloween, en attendant le jugement dernier qui délivrera Jack le navet de son errance.
Et je ne résiste pas au plaisir de vous raconter l’histoire de Jack la lanterne. A l’origine, Jack était un feu follet. Je n’ai jamais vu de feu follet, mais j'admets volontiers que ces feux qui se baladent au milieu de nul part soient impressionnants. On les prenait pour des esprits venus d’un autre monde, le monde des morts. Nous sommes en pleine célébration païenne d’Halloween, c’était il y a 3000 ans. Le monde des vivants et le monde des morts n’étaient pas étanches, et il fallait se doter de frontières efficaces pour se protéger. D’où Jack la lanterne, sorte d’épouvantail à feux follets. Puis Halloween s’est christianisé. Les feux follets sont devenus associés aux âmes errantes du purgatoire, les âmes qui attendent le jugement dernier avant de parvenir au ciel. Et c’est ainsi que Jack est devenu un homme.
C’est un homme. Ou plutôt, c’était un homme, un fieffé roublard, avare, ivrogne, orgueilleux, une canaille. Un soir, dans une taverne, notre Jack fait la connaissance du Diable, qui lui propose un pacte diabolique : vendre son âme en échange de pouvoirs. Mais Jack n’est pas né de la dernière pluie : il demande au Diable de lui offrir un dernier verre. Aussitôt, le Diable se transforme en pièce de six pence. Sur la pièce est gravée une croix d’argent : le Diable est prisonnier de la pièce ! Jack obtint du diable un répit de 10 ans. Dix ans plus tard, rebelote ! je vous passe les détails. Finalement, Jack arrache au diable la promesse de ne pas terminer en enfer. Et lorsque Jack meurt, non seulement l’entrée au paradis lui est refusée, à cause de sa vie d’ivrogne, mais l’enfer également ne veut plus de lui. Jack réussit à convaincre le Diable de lui donner une braise tirée du feu de l’enfer. Il place alors la braise dans un navet creusé en guise de lanterne, et sans lieu de repos, il part hanter les landes irlandaises. Chaque année, il réapparaît le jour de sa mort, à Halloween, en attendant le jugement dernier qui délivrera Jack le navet de son errance.
Et bien, voilà pour Jack la lanterne et son étrange Noël. Demain, nous
parlerons des autres héros du film. Rappelons pour ceux qui le souhaiteraient
que l’intégralité de cette analyse est disponible sur la chaîne YouTube du
frère Paul Adrien..
3. Cartographie de l’au-delà
Jack est le roi des citrouilles de la ville Halloween. Un beau jour, il
découvre la ville de Noël et décide de célébrer lui-même cette fête étrange. Il
décide de kidnapper le Père Noël et de le remplacer. C’est l’étrange Noël de
monsieur Jack, un film de Tim Burton. Et nous en parlons cette semaine avec le
frère Paul Adrien d’Hardemare.
Intéressons-nous
aujourd’hui aux trois personnages clés du film : le Père Noël, Jack le Navet et
Oogie Boogie. L’un vient du ciel, l’autre du purgatoire et le dernier de
l’enfer. Évidemment dans le film, ce n’est pas évident. Mais je vous rappelle
que le père Noël avant d’habiter le pôle nord habitait le ciel. C’est la
déformation folklorique de l’évêque saint Nicolas. Et parce qu’il est saint,
saint Nicolas habite le ciel. Jack le Navet. Jack le Navet, on l’a déjà dit,
dans les légendes d’Halloween, est une âme errante du purgatoire. Oogie Boogie.
Oogie Boogie dans le film est le méchant. Il habite au fond d’une cave
infernale où brûle un puit de feu dévorant. C’est l’image de l’enfer.
Avec ces trois personnages, on retrouve la géographie chrétienne de l’au-delà. Le ciel, le purgatoire et l’enfer. Mais il faut le dire aussi, le film n’exploite pas cette géographie de l'au-delà. Oui et je trouve cela dommage, car le film y aurait gagné. Prenez le père Noël. Le père Noël dans le film n’a aucune consistance morale. Il n’existe que pour assurer le divertissement des enfants, et il se retrouve en enfer à tremble de peur. Comme on aurait aimé que le père Noël soit autre chose qu’un personnage de pacotille dont la seule poésie consiste à être un distributeur automatique de cadeaux. On aurait aimé que, prisonnier de l’enfer et d’Oogie Boogie, il reste une âme venue du ciel. Cela ne lui coûtait pas cher, après tout, de nous faire rêver ! Il suffisait qu’il reste le père Noël, joufflu oui, mais pur et fort, même en enfer. On aurait cru en lui, on aurait tremblé pour lui. Mais pour cela, il aurait fallu retrouver saint Nicolas derrière le père Noël.
Venons-en au purgatoire et à Jack le Navet. Il y a deux concepts clés dans le purgatoire chrétien : la nostalgie et la purification. La nostalgie car les âmes du purgatoire ont eu le pressentiment du ciel. Elles ne peuvent encore y entrer, et elles gémissent de tristesse et d’espérance en attendant. Et dans le film, Jack est nostalgique. Mais, cette nostalgie n’a pas de profondeur et on plus l’impression d’un enfant gâté qui s’ennuie que d’une véritable nostalgie. Un ennui de façade que la fin du film viendra résoudre par une pirouette amoureuse. Point de purification non plus. Jack est à la fois gentil et effrayant, narcissique et généreux, mais il ne grandit pas. Et parce qu’il ne grandit pas, le spectateur non plus ne grandit pas. Enfin, Oogie Boogie et l’enfer. Et bien, à la fin du film, on apprend que Oogie Boogie n’est qu’un simple sac à patates, une sorte de boursouflure, une illusion que l’on peut chasser. On le prend pour un puissant personnage, il n’est en réalité qu’un microbe que l’on peut écraser du talon. Alors oui, le film est réussi, mais il aurait pu devenir un grand film et il en avait les moyens. Pour ne pas avoir exploité de carte morale de l’au-delà, Tim Burton empêche son film d’être autre chose qu’un conte pour enfants.
Avec ces trois personnages, on retrouve la géographie chrétienne de l’au-delà. Le ciel, le purgatoire et l’enfer. Mais il faut le dire aussi, le film n’exploite pas cette géographie de l'au-delà. Oui et je trouve cela dommage, car le film y aurait gagné. Prenez le père Noël. Le père Noël dans le film n’a aucune consistance morale. Il n’existe que pour assurer le divertissement des enfants, et il se retrouve en enfer à tremble de peur. Comme on aurait aimé que le père Noël soit autre chose qu’un personnage de pacotille dont la seule poésie consiste à être un distributeur automatique de cadeaux. On aurait aimé que, prisonnier de l’enfer et d’Oogie Boogie, il reste une âme venue du ciel. Cela ne lui coûtait pas cher, après tout, de nous faire rêver ! Il suffisait qu’il reste le père Noël, joufflu oui, mais pur et fort, même en enfer. On aurait cru en lui, on aurait tremblé pour lui. Mais pour cela, il aurait fallu retrouver saint Nicolas derrière le père Noël.
Venons-en au purgatoire et à Jack le Navet. Il y a deux concepts clés dans le purgatoire chrétien : la nostalgie et la purification. La nostalgie car les âmes du purgatoire ont eu le pressentiment du ciel. Elles ne peuvent encore y entrer, et elles gémissent de tristesse et d’espérance en attendant. Et dans le film, Jack est nostalgique. Mais, cette nostalgie n’a pas de profondeur et on plus l’impression d’un enfant gâté qui s’ennuie que d’une véritable nostalgie. Un ennui de façade que la fin du film viendra résoudre par une pirouette amoureuse. Point de purification non plus. Jack est à la fois gentil et effrayant, narcissique et généreux, mais il ne grandit pas. Et parce qu’il ne grandit pas, le spectateur non plus ne grandit pas. Enfin, Oogie Boogie et l’enfer. Et bien, à la fin du film, on apprend que Oogie Boogie n’est qu’un simple sac à patates, une sorte de boursouflure, une illusion que l’on peut chasser. On le prend pour un puissant personnage, il n’est en réalité qu’un microbe que l’on peut écraser du talon. Alors oui, le film est réussi, mais il aurait pu devenir un grand film et il en avait les moyens. Pour ne pas avoir exploité de carte morale de l’au-delà, Tim Burton empêche son film d’être autre chose qu’un conte pour enfants.
Et bien, merci frère Paul Adrien. Et demain, nous continuerons notre
réflexion sur le film avec un autre thème : la spiritualité de la fête.
4. Homo Festivus
Jack Skellington, héros de Halloween-ville, s'ennuie : depuis des siècles,
il en a assez de préparer la même fête de Halloween. Il décide de s'emparer de
la fête de Noël… C’est l’étrange Noël de Monsieur Jack, un film de Tim Burton.
Théologie et pop corn, c’est maintenant. Frère Paul Adrien d’Hardemare, à vous
la parole !
J’avoue
une fascination pour ce film de Tim Burton. Je trouve le film prophétique. Oui,
prophétique ! vous m’avez bien entendu. Laissez-moi m’expliquer. En regardant
ce film, je pensais à Philippe Muray, mort en 2006. Pour décrire l’évolution de
l’humanité, pour décrire l’avenir qui nous attend, ce philosophe
parlait d’homo festivus festivus. Après l’homo sapiens, l’homme qui pense,
il y a l’homo sapiens sapiens, l’homme qui sait qu’il pense, puis l’homo
festivus, l’homme qui fait la fête, et puis maintenant l’homo festivus
festivus, l’homme qui fête le fait de faire la fête. Vous trouvez cela
compliqué ? Regardez l’étrange noël de Monsieur Jack : c’est un film sur la
fête, un divertissement sur le divertissement, une fête au carré. Quand le
spectateur plonge dans le film, il plonge dans une monde fabuleux où seule la
fête existe. L’univers se résume à deux villes, la ville d’Halloween et la
ville de Noël. Et la vie des habitants de ces deux villes se résument à ces
deux fêtes. Et en dehors de ces deux fêtes, il n’y a rien ! la fête se suffit à
elle-même. Elle englobe tout. Le film décrit une société totalitaire, où le
totalitarisme, c’est la fête.
Et bien, ce totalitarisme de la fête, c’est notre monde dit Philippe Muray. Et pour lui, cela est synonyme de régression culturelle. La perte de repères et de frontières. Dans ce monde de la fête, il n’y a plus de frontière entre le travail et la divertissement. Il n’y a plus de frontière entre le monde des enfants et le monde des adultes. Il n’y a plus de frontière entre le conformisme et la contestation. Il n’y a plus de frontières entre les fêtes elles-mêmes. Et c’est exactement cela que décrit l’étrange Noël de monsieur Jack ! Dans ce film, on ne vit que pour la fête. Ah ça, on ne chôme pas ! Le maire d’Halloween convoque tout le monde pour préparer Halloween, Jack donne des directives pour planifier l’effort de guerre, même les scientifiques sont sommés de se mettre au service de la fête. La fête fonctionne comme un impératif moral. Il faut faire la fête. Pourquoi ? On n’en sait rien. Mais même la police est convoquée pour vérifier que les fêtes se passent bien. Moment touchant de vérité, Jack dans le film essaye de comprendre le sens de Noël. Il s’embarque dans des expériences de chimie. Evidemment, ce n’est pas comme cela qu’il va trouver une réponse. Mais d’ailleurs, ce n’est même pas sûr que Noël ait un véritable sens. Et faute de pouvoir saisir le véritable sens de la fête, la seule chose que Jack peut faire, c’est imiter la fête, singer dans une parodie macabre la geste joufflue du père Noël.
La fête érigée en principe ultime de la vie en société. Le totalitarisme de la fête. Voilà ce film. Et c’est en ce cela que je trouve le film à la fois caricatural et prophétique. Génial et ahurissant. Ma seule question est : Tim Burton savait-il ce qu’il faisait en produisant ce film ?
Et bien, ce totalitarisme de la fête, c’est notre monde dit Philippe Muray. Et pour lui, cela est synonyme de régression culturelle. La perte de repères et de frontières. Dans ce monde de la fête, il n’y a plus de frontière entre le travail et la divertissement. Il n’y a plus de frontière entre le monde des enfants et le monde des adultes. Il n’y a plus de frontière entre le conformisme et la contestation. Il n’y a plus de frontières entre les fêtes elles-mêmes. Et c’est exactement cela que décrit l’étrange Noël de monsieur Jack ! Dans ce film, on ne vit que pour la fête. Ah ça, on ne chôme pas ! Le maire d’Halloween convoque tout le monde pour préparer Halloween, Jack donne des directives pour planifier l’effort de guerre, même les scientifiques sont sommés de se mettre au service de la fête. La fête fonctionne comme un impératif moral. Il faut faire la fête. Pourquoi ? On n’en sait rien. Mais même la police est convoquée pour vérifier que les fêtes se passent bien. Moment touchant de vérité, Jack dans le film essaye de comprendre le sens de Noël. Il s’embarque dans des expériences de chimie. Evidemment, ce n’est pas comme cela qu’il va trouver une réponse. Mais d’ailleurs, ce n’est même pas sûr que Noël ait un véritable sens. Et faute de pouvoir saisir le véritable sens de la fête, la seule chose que Jack peut faire, c’est imiter la fête, singer dans une parodie macabre la geste joufflue du père Noël.
La fête érigée en principe ultime de la vie en société. Le totalitarisme de la fête. Voilà ce film. Et c’est en ce cela que je trouve le film à la fois caricatural et prophétique. Génial et ahurissant. Ma seule question est : Tim Burton savait-il ce qu’il faisait en produisant ce film ?
Demain, nous continuerons notre réflexion sur ce film en parlant de la
nostalgie de l’enfance. Rappelons pour ceux qui le souhaiteraient que
l’intégralité de cette analyse est disponible sur la chaîne youtube du frère
Paul Adrien.
5. La fadeur d’Halloween
Jack, l’homme à la tête de navet, le héros de Halloween-ville, s'ennuie :
chaque année, il passe son temps à préparer la même fête. Pour tromper son
ennui, il décide de devenir père Noël… C’est l’étrange Noël de Monsieur Jack,
un film de Tim Burton. Dernier épisode de Théologie et pop corn. Frère Paul
Adrien d’Hardemare, à vous la parole !
Quel est
le point commun entre Tim Burton et Jésus ? Et bien, le voici : les deux
souhaitent que vous redeveniez des enfants. Prenez Tim Burton : tous ses films
tournent autour de l’enfance. Et le film dont nous parlons en ce moment,
l’étrange Noël de Monsieur Jack, ne déroge pas à cette règle. A travers ce film,
Tim Burton tente de nous plonger dans l’enfance comme on plongerait une
personne âgée dans un bain de jouvence. Je me souviens d’une amie qui trouvait
le père Noël stupide, mais qui ne cessait d’en parler à sa fille dans l’espoir
de revivre à travers sa fille la poésie de Noël. Ah Redevenir un enfant ! Et
bien c’est le même rêve que Jésus a pour vous. “En vérité, en vérité je vous le
dis, si vous ne redevenez pas comme cet enfant, vous n’entrerez pas dans le
royaume des cieux”. Et d’abord, pourquoi redevenir un enfant ?
Le film vous donne la réponse : pour ne plus s’ennuyer. Car dans le film, Jack s’ennuie à mourir. Citation de Jack : Dans mon vieux corps, il règne aujourd'hui une bien étrange mélancolie. Pour moi, la vie n'est qu'un long sanglot. Mon cœur éclate, la mort est mon lot… Comme en écho de l’ennui de Jack, le film nous montre Halloween, fête de l’automne où tout est vain, défraîchi, vieux et usé. Le ciel est gris et les gens sont tristes. Ce sont les sanglots longs de l’automne, la pâleur du mois d’octobre. La mélancolie de Jack tourne au morbide et au macabre, à coup de citrouilles et de navets fanés. Halloween ne fait plus rire. Ah redevenir un enfant, et s’émerveiller à nouveau devant du neuf… Voilà le secret espoir de Jack. Voilà pourquoi il veut voler Noël.
Et c’est là que Tim Burton et Jésus se séparent. Car, pour Tim Burton, redevenir un enfant, c’est plonger dans le rêve et l’imaginaire. Mais, ce faisant, il achoppe, car, en misant tout sur le monde imaginaire de la fête, il vous retransforme en enfant, oui, mais au prix d'une régression intellectuelle. Aucun question existentielle, aucun sens du tragique dans le film, tout est gommé au prix du merveilleux et du burlesque. Pour Jésus, ce n'est pas en plongeant dans un rêve que l'on redevient enfant. C'est en se convertissant. C’est le péché qui fait vieillir, et le bain de jouvence qui fait rajeunir, c’est la miséricorde. L’ennui existe, et on en sort en demandant pardon. Les vieux moines disent qu’il n’y a jamais eu qu’un seul enfant sur terre. Adam au paradis, avant le péché. Car voyant tout pour la première fois, il s’émerveillait de tout. C’est avec le péché que son coeur est devenu vieux. Mais Jésus dit que l’on peut redevenir jeune de coeur. Une prière dit : Dieu qui aime l’innocence et la fait retrouver. Oui, répondent les vieux moines, pour l’homme qui purifie son coeur, chaque lever de soleil redevient peu à peu comme le premier lever de soleil du monde. Toute chose redevient neuve. Et c’est cet enfant qu’aurait dû devenir Jack.
Le film vous donne la réponse : pour ne plus s’ennuyer. Car dans le film, Jack s’ennuie à mourir. Citation de Jack : Dans mon vieux corps, il règne aujourd'hui une bien étrange mélancolie. Pour moi, la vie n'est qu'un long sanglot. Mon cœur éclate, la mort est mon lot… Comme en écho de l’ennui de Jack, le film nous montre Halloween, fête de l’automne où tout est vain, défraîchi, vieux et usé. Le ciel est gris et les gens sont tristes. Ce sont les sanglots longs de l’automne, la pâleur du mois d’octobre. La mélancolie de Jack tourne au morbide et au macabre, à coup de citrouilles et de navets fanés. Halloween ne fait plus rire. Ah redevenir un enfant, et s’émerveiller à nouveau devant du neuf… Voilà le secret espoir de Jack. Voilà pourquoi il veut voler Noël.
Et c’est là que Tim Burton et Jésus se séparent. Car, pour Tim Burton, redevenir un enfant, c’est plonger dans le rêve et l’imaginaire. Mais, ce faisant, il achoppe, car, en misant tout sur le monde imaginaire de la fête, il vous retransforme en enfant, oui, mais au prix d'une régression intellectuelle. Aucun question existentielle, aucun sens du tragique dans le film, tout est gommé au prix du merveilleux et du burlesque. Pour Jésus, ce n'est pas en plongeant dans un rêve que l'on redevient enfant. C'est en se convertissant. C’est le péché qui fait vieillir, et le bain de jouvence qui fait rajeunir, c’est la miséricorde. L’ennui existe, et on en sort en demandant pardon. Les vieux moines disent qu’il n’y a jamais eu qu’un seul enfant sur terre. Adam au paradis, avant le péché. Car voyant tout pour la première fois, il s’émerveillait de tout. C’est avec le péché que son coeur est devenu vieux. Mais Jésus dit que l’on peut redevenir jeune de coeur. Une prière dit : Dieu qui aime l’innocence et la fait retrouver. Oui, répondent les vieux moines, pour l’homme qui purifie son coeur, chaque lever de soleil redevient peu à peu comme le premier lever de soleil du monde. Toute chose redevient neuve. Et c’est cet enfant qu’aurait dû devenir Jack.
Merci père d’Hardemare. C’est la fin de notre rubrique théologie et pop
corn pour cette semaine. Nous vous retrouvons la semaine prochaine pour un
nouveau thème.
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