Les paraboles : on croit les connaître et patatras....


Un genre littéraire bien connu



Et, tout de suite, nous retrouvons le frère Paul Adrien pour une nouvelle chronique de catéchèse. De quoi allez-vous nous parler cette semaine ?

Je vous propose cette semaine de faire un détour du côté des paraboles évangéliques. Tout le monde les connaît : le bon samaritain, le semeur sorti pour semer, les ouvriers de la onzième heure. D'ailleurs, les paraboles sont tellement connues qu’elles finissent par ennuyer les gens, lassés de les entendre semaine après semaine, dimanche après dimanche, messe après messe. Pourtant, voici ce que disent les Rabbins, une génération après Jésus, sur ce qu’ils appellent le mashal, la parole imagée, le genre littéraire auquel appartient la parabole. 

Nos maîtres ont dit : « Que le mashal ne soit pas une petite chose à tes yeux ». Entendez : « que la parabole ne soit pas une petite chose à tes yeux, parce que, grâce à elle, l'homme peut comprendre les paroles de la Bible. C’est comme la parabole d'un roi qui, dans sa maison, a perdu une pièce d'or ou une pierre précieuse. Ne va-t-il pas la chercher avec un fil de fer qui ne vaut pas plus d'un sou ? Ainsi le Mashal ne doit pas être une petite chose à tes yeux, parce que grâce à lui, on peut pénétrer les paroles de la Bible. »

Les paraboles ne sont pas en effet de petites choses. Ce sont des perles précieuses, des trésors de rhétorique qui se gravent dans notre mémoire plus facilement que n’importe quel discours abstrait. On y retrouve les qualités littéraires que décrit Quintilien, un rhétoricien de la Rome Antique. Clarté, Brièveté, Crédibilité. Clarté : car tout le monde a compris l’histoire de cette pièce perdue que l’on va chercher sous le canapé avec un fil de fer. Brièveté, car tout est dit en deux phrases. Crédibilité, car même un roi ferait ce genre de chose.

Une parabole réussie est un trésor de littérature. Et Jésus est passé maître en la matière : 43 paraboles dans les évangiles ! Et il va renouveler le genre. Première différence, elles étaient utilisées dans le cadre de débats érudits entre rabbins. On en retrouve un écho dans la parabole du bon samaritain, ou dans l’histoire de ces 7 frères ayant eu la même femme. Mais Jésus en a fait un outil de prédication populaire. C'est aux foules qu'il ne cesse de parler en paraboles. Elles ont toujours chez lui un côté inattendu, voire absurde. Par exemple, Jésus reprend cette parabole de la pièce perdue, mais ajoute que celui qui l’aura retrouvé, fera une fête et cela coûtera beaucoup plus cher plus qu’une petite pièce perdue ! Cette bizarrerie a un but pédagogique : nous rappeler que, au cœur de notre vie, il y a un mystère. Et pour souligner ce mystères, les paraboles l'exagèrent en absurde. Car souvent, nous voulons Dieu sans son mystère. Mais Dieu est un mystère dit Jésus. A la fois parce qu'il est transcendant mais aussi à cause de notre dureté de cœur. Ne croyons pas trop rapidement que nous avons fait le tour des paraboles… Dieu est d’abord une énigme, et c'est en paraboles qu'on en parle encore le mieux ! 

Et demain, nous redécouvrirons ensemble une parabole en particulier.




Le bon samaritain : deux lectures



Et, tout de suite, nous retrouvons le frère Paul Adrien pour une nouvelle chronique de catéchèse fondamentale. Cette semaine nous rafraîchissons notre lecture des paraboles.

Tout le monde connaît la parabole du bon Samaritain. Pour répondre à la question d’un scribe qui lui demande qui est notre prochain, Jésus utilise le procédé de la parabole. Procédé pédagogique car cela va obliger le scribe à prendre parti. D’où cette parabole. Un voyageur est attaqué par des bandits. Un prêtre et un lévite passent à côté de lui sans rien faire. C’est un Samaritain qui, finalement, lui sauvera la vie. La parabole du bon samaritain. A priori, la parabole n’a pas besoin d’être expliquée. Elle est claire. Et tant mieux car le sujet est important et doit être compris par tout le monde. Chaque SDF que vous croisez en ce moment sur le chemin du retour devrait nous y faire penser.

Mais, on peut dire aussi que le sujet est si important que l’on doit creuser cette parabole pour se laisser interpeller par elle. On peut le faire de deux manières : soit en étudiant le sens historique, soit le sens allégorique.

Je commence par le l’étude historique, qui est l’étude la plus courante. Cette étude consiste à replacer la parabole du bon samaritain dans le cadre historique du premier siècle. On dira alors que le prêtre monte à Jérusalem pour faire des sacrifices dans le temple. Que, s’il ne s’arrête pas, c’est parce que le contact avec un homme blessé le mettrait en état d’impureté rituelle. Il ne pourrait plus prier au temple. A l’inverse, cette étude nous montre que c’est un Samaritain, un hérétique aux yeux des juifs de l’époque, qui est proposé comme modèle. Et voilà que la parabole devient non plus une simple leçon de morale, mais une critique de la religion.

Deuxième étude : l’étude allégorique. Cela consiste à voir dans la parabole une illustration de la foi chrétienne. C’était l’étude la plus traditionnelle jusqu’à la fin du 19e siècle. Voici ce que disait saint Augustin. Je suis prêt à parier que pour vous ce sera nouveau ! L’homme qui descend de Jérusalem, c’est Adam chassé du paradis. Les brigands, ce sont les démons qui l’attaquent et qui, par la tentation, le blessent et le privent de la vie éternelle. Le prêtre et le lévite représentent l’Ancien Testament qui a échoué. Le Samaritain, c’est Jésus qui cache sa divinité sous les traits d’un étranger. L’hôtellerie à qui est confié le blessé jusqu’à ce que le Samaritain revienne, c’est l’Eglise jusqu’à ce que le Christ revienne.

Etude allégorique. Avec cette double lecture, historique et allégorique, vous avez déjà de quoi renouveler votre compréhension des paraboles !

Merci frère Paul Adrien. Nous nous retrouvons demain pour continuer notre chronique sur les paraboles.




Le semeur


Et, tout de suite, nous retrouvons le frère Paul Adrien pour une chronique de catéchèse à propos des paraboles dans l’évangile.

On croit les connaître et pourtant un rien suffit à nous prouver qu’on est passé à côté ! Je prends l’exemple de la parabole du semeur. Un semeur sortit pour semer du grain. Certains tombèrent sur la bonne terre, d’autres sur le chemin, dans les graviers ou les ronces. Il suffit que l’on dise les premières phrases de cette parabole pour endormir les premiers rangs de l’église tellement nous la connaissons par coeur.

Erreur ! Et en plus erreur sur la plus importante des paraboles ! Elle est si importante qu’on la retrouve dans les trois évangiles de Matthieu, Luc et Marc. Pourtant, me direz-vous, tout le monde connaît l’explication. Il n’y a rien à dire de plus : c’est Jésus lui-même qui nous a donné l’explication.  Le terrain représente la qualité de notre cœur : tantôt nous accueillons la parole comme la bonne terre accueille le bon grain, tantôt nous l’étouffons comme les ronces étouffent le bon grain. Facile me direz-vous ! Oui, mais je dis quand même erreur. Donc, réveillez-vous ! oui, vous qui m’écoutez en ce moment ! car ce que nous avons mis au cœur de notre explication, c’est nous, nous et encore nous. Notre cœur, nos qualités, nos défauts. Et voilà que cette parabole devient une parabole sur notre vie spirituelle et ce n’est pas glorieux !

Nous mettons d’abord l’accent sur la qualité du terrain et sur nous-mêmes. Un appel à se convertir. Et puis, un jour on décide de mettre l’accent sur quelqu’un d’autre. Le semeur. Après tout, quel gâchis ! le semeur sème n’importe où ! Oui, mais si on se focalise non plus sur nous mais sur le semeur, la parabole devient différente : elle devient un appel à la générosité apostolique. La fin de la parabole s’éclaire : récolter du fruit, un pour cent, pour soixante ou pour trente. Le surplus compense le gâchis.

Et puis, à nouveau, une question vient tout casser : pourquoi, si cette parabole est si importante, l’évangile de Jean n’en parle-t-il pas ? Alors, on met l’accent non plus sur le terrain ou sur le semeur, mais sur le grain de blé. Ce que fait Jésus quand il explique la parabole d’ailleurs. Et la parabole change à nouveau de sens ; Elle devient une exhortation à donner sa vie. Et on retrouve cette phrase dans Jean : « le grain de blé qui est tombé en terre et meurt donne beaucoup de fruit ».

La boucle est bouclée et on a bien fait de se réveiller. Vous voyez comment notre compréhension d’une parabole reflète notre vie spirituelle. D’ailleurs, quand il en donnait l’explication, Jésus rappelait que c’est la dureté de cœur qui nous empêche de bien comprendre. D’où, disait-il, les paraboles.

Merci pour frère Paul Adrien pour votre manière de refaire de l’évangile une terra incognita.




Les paraboles du royaume



Et, tout de suite, nous retrouvons le frère Paul Adrien pour une chronique de catéchèse à propos des paraboles dans l’évangile.

Nous avons parlé la dernière fois de la parabole du semeur, une parabole importante car elle montre comment nous sommes appelés à renouveler sans cesse notre lecture des paraboles, et quel est l’enjeu spirituel qu’il y a derrière. Je vous propose de continuer encore avec cette parabole. Ou presque. De renouveler cette histoire du semeur sorti pour semer en nous penchant cette fois ci sur sa place dans le récit évangélique. Et cette parabole pourrait bien encore vous surprendre.

Voici comment le récit de la parabole est structurée dans l’évangile de Matthieu : Jésus donne la parabole, puis commente aux disciples la pédagogie de la parabole, et enfin redonne la parabole cette fois-ci de manière transparente et expliquée.

Or, juste après cela, on retrouve dans le texte la même structure narrative : Jésus donne d’autres paraboles, puis commente sa pédagogie en parabole, et enfin redonne d’autres paraboles plus transparentes. Comme si la parabole du semeur n’était en fait qu’une introduction à une autre série de paraboles. Ces autres paraboles qui suivent, vous les connaissez : le bon grain et l’ivraie, la graine de moutarde, le levain dans la pâte, le trésor caché, la perle rare et le filet plein de poissons. C’est Jésus qui vous rejoint dans votre cuisine, vous qui êtes en train de cuisiner !

Et voici ce que l’on découvre à lire attentivement cette deuxième série de paraboles. Elle semble répondre à des questions que la première parabole du semeur laissait sans réponse. Par exemple, pourquoi faut-il semer sur des terrains gâchés ? Réponse dans les paraboles du filet et de l’ivraie ! Pourquoi le grain peut-il donner du fruit à raison de un pour cent ? Réponse dans les paraboles de la graine de moutarde et du levain dans la pâte ! Et pourquoi faut-il donner sa vie pour porter du fruit comme le suggérait notre première parabole ? Réponse dans les paraboles du trésor caché et de la perle rare !

Chacune de ces deuxièmes paraboles prolongent la parabole du semeur. Ce qui ne veut pas dire que cette deuxième série n’ait pas sa propre logique interne. Par exemple, pourquoi est-ce que chaque parabole est dédoublée ? Le bon grain et le filet jeté, la graine de moutarde et le levain, le trésor caché et la perle rare. Je vous laisse avec cette question pour entraîner votre réflexion…

Merci frère Paul Adrien. Nous nous retrouvons demain pour continuer notre chronique sur les paraboles. Je rappelle en attendant aux auditeurs qui le souhaiteraient que cette chronique et le texte reste disponible sur la chaîne YouTube du frère Paul Adrien.



Les paraboles chez Matthieu


Dernier jour de la semaine, nous retrouvons le frère Paul Adrien pour clôturer une chronique consacrée aux paraboles dans l’évangile.

Après nous être attardés sur quelques paraboles en particulier, je vous propose de faire un rapide survol de toutes les paraboles dans un évangile particulier : celui de saint Matthieu. Je vous ai dit que, parfois, les paraboles étaient structurées en série dans cet évangile.

En voici au moins deux autres. D’abord une série polémique, quand Jésus s’explique avec les pharisiens à Jérusalem. Dans cette série, il y a la parabole des deux fils, des vignerons homicides et des invités ingrats. Ce qui caractérise cette série, c’est l’opposition progressive entre un maître et ses subordonnés. Chaque parabole rajoute une tension supplémentaire à la précédente, en insistant sur un défaut des subordonnés à chaque fois différent : d’abord hypocrisie, puis la haine gratuite, enfin l’ingratitude crasse. En parallèle, la réponse du maître se fait de plus en plus magistrale, lui qui est tour à tour père, propriétaire foncier, roi militaire.

Une autre série de paraboles est donnée, toujours chez Matthieu, avec le discours sur la fin du monde. Dans l’ordre, vous avez la parabole du voleur, du serviteur fidèle, des 10 vierges, la parabole des talents et enfin le berger qui sépare les brebis et les boucs. Ces paraboles sont admirablement agencées entre elles : on y passe, dans un fondu enchaîné, de la vigilance à l’attente de la fin du monde puis au jugement dernier. De la même manière, les images traditionnelles pour décrire Jésus s’imbriquent entre elles avec une dignité croissante : Jésus est présenté comme un voleur, puis comme un maître de maison, puis comme un époux, puis comme un richissime propriétaire, et enfin comme un roi de gloire.

Ces séries de paraboles sont des merveilles de construction littéraire. En dehors de ces séries, il y a encore des paraboles isolées : par exemple, les ouvriers de la onzième heure. Ou des fausses paraboles : Pierre qui se trompe sur le discours à propos de la pureté. Parfois encore ces paraboles sont tellement intégrées dans le récit qu’on ne parvient plus à les en extraire. Par exemple, Pierre qui pèche un poisson ayant dans sa gueule deux pièces d’argent pour payer l’impôt du temple. Il s’agit d’un miracle, il s’agit aussi d’une parabole sur la mort de Pierre et de Jésus, le poisson représentant le monstre marin et la mort, comme dans l’histoire de Jonas.

Merci frère Paul Adrien. Nous nous retrouvons la semaine prochaine pour une nouvelle chronique consacrée au cinéma. Je rappelle en attendant aux auditeurs qui le souhaiteraient que cette chronique et le texte reste disponible sur la chaîne YouTube du frère Paul Adrien.


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