La Trinité : catéchèse fondamentale

1. La révélation du mystère


Ouvrant le Catéchisme de l’Eglise Catholique, j’y ai lu : Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne. Il est le mystère de Dieu en Lui-même. Il est l’enseignement le plus fondamental et essentiel dans la " hiérarchie des vérités de foi ". Rien que cela ! Fr. Paul Adrien d’Hardemare : “Comment avons-nous découvert que Dieu était Trinité ? 

Et bien, nous avons découvert que Dieu était trinitaire parce que quelqu’un nous l’a dit. Si nous n'avions pas eu la Bible, nous n'aurions jamais eu l’idée que Dieu était une trinité de personnes. On ne peut pas découvrir tout seul la Trinité, on ne peut pas la démontrer. C’est au-dessus de nos forces intellectuelles. Il fallait que quelqu’un nous le dise. On parle à ce propos de mystère révélé. Et c’est dans la Bible que cette révélation est consignée. 
D’abord dans l’Ancien Testament, où la Trinité est annoncée sous forme de prophéties. Les prophètes annoncent la venue d’un Messie qui sera appelé Fils de Dieu. Les prophètes annoncent que l’Esprit de Dieu sera répandu sur toute chair. Et ensuite, dans le Nouveau Testament, ces prophéties vont s’accomplir et la Trinité va enfin se manifester. A chaque instant crucial de la vie de Jésus, en fait. à l'Annonciation, au baptême, à la transfiguration, on voit la trinité à l'oeuvre,  et même sur la croix si vous regardez bien. 

Toujours dans la Bible, à côté des manifestations de la Trinité, il y a encore des enseignements sur la Trinité. Le discours d’adieu de Jésus, aux chapitres 14,15 et 16 de l’évangile selon saint Jean. Et puis surtout le commandement de Jésus qui clôture de manière magistrale l’évangile de Saint Matthieu : “Allez de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.” 
On pourrait encore prendre les enseignements de saint Paul ou saint Pierre. Je me contenterai de citer seulement la première lettre aux Corinthiens : “Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit (et de un). Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur (Jésus et de deux). Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous (le Père et de trois)” .
Dans la Bible, il y a donc une révélation claire de la Trinité. Ce n’est pas l’Eglise qui l’a inventée, c’est le Christ qui nous l’a apprise. Mais, au cours des siècles, certaines hérésies vont se développer et l’Eglise va être obligée d’énoncer des dogmes pour expliciter ce qui était déjà contenu, mais en germe, dans la Bible. Cela va être le travail des conciles : celui de Nicée, celui de Constantinople, Latran IV, Florence, etc. Aujourd’hui, vous pouvez encore trouver en ligne le Catéchisme de l'Église Catholique qui vous expose le dogme de la Trinité. Je résume pour vous. D'abord la Trinité est une en trois personnes, Père, Fils et Esprit Saint. Deuxièmement, les personnes divines sont réellement distinctes entre elles. Enfin, troisièmement, les personnes divines sont relative les unes aux autres. Le Père est Père par rapport au Fils et le Fils par rapport au Père. Je vous renvoie aux paragraphes 253,254,255 pour les détails.

Merci fr. Paul Adrien d’Hardemare. Nous verrons de toute façon ces détails par la suite. Notamment, demain avec la notion de personne.


2. La notion de Personne


Nous poursuivons notre topo sur la Trinité avec maintenant un challenge. Et c’est un challenge, parce que cela ne va pas être simple… Accrochez-vous ! Ensemble, nous allons déminer une notion piège, la notion de personne divine. 

Oui ! car le piège consiste à imaginer la Trinité comme étant formée par 3 individus divins, le Père d’un côté, le Fils et l’Esprit Saint de l’autre. Mais voilà : le Père n’est pas un individu divin, c’est une personne divine. Vous ne voyez pas la différence ? Revenons au terme latin de persona (avec un seul n). Dans la Rome antique, une persona désignait le masque à travers lequel les acteurs de théâtre parlaient. Tertullien, un grand théologien latin du IIIe siècle, a utilisé ce terme pour décrire la Trinité. Et après plusieurs siècles de réflexion, les théologiens lui ont donné la définition suivante : une persona, c’est une subsistence éternelle de nature spirituelle. Vous avez peut être déjà décroché ! Pas de panique, je vous promets que vous allez pouvoir raccrocher d’ici la fin du topo. Mais je dois encore continuer un tout petit peu. Donc, la subsistence, ou persona, c’est la manière concrète d’exister qu’a un sujet de nature spirituelle. Un seul Dieu en trois personnes, cela revient à dire que Dieu est une unique réalité spirituelle mais que cette unique réalité spirituelle qu’est Dieu subsiste de trois manières singulières, c’est à dire de trois manières fondamentalement irréductibles les unes aux autres sans être pourtant dissociables les unes des autres. 

Pour que tout le monde puisse raccrocher, prenons un autre mot plus simple et plus familier. Prenons le terme de dimension plutôt que le mot de personne. Que dit le dogme de la Trinité ? Et bien, tout simplement que Dieu est une réalité éternelle qui existe en trois dimensions. Pensez tout simplement à un table. Elle existe en trois dimensions : largeur, longueur et hauteur. Pourtant, la largeur n’est pas la longueur, et qui n’est pas non plus la hauteur. Chacune de ces 3 dimensions existent de manière radicalement différentes et pourtant elles sont présentes les unes dans les autres et sont cette table. Et bien, en Dieu, c’est la même chose, sauf que Dieu n’est pas une table. Ses dimensions sont identiques à sa nature. Elles sont éternelles et non pas temporelles, elles sont spirituelles et non pas matérielles. Les dimensions de Dieu sont bien plus radicalement différentes et bien plus radicalement unies entre elles que ne peuvent l’être la largeur, la longueur et la hauteur dans une table. En Dieu, chacune de ses dimensions s'interpénètrent les unes dans les autres. On appelle cela la circumincession. En Dieu, chacune de ses dimensions est Dieu lui-même. On appelle cela la consubstantialité. Chacune des dimensions divines sont de nature spirituelle. On dit que ce sont des personnes. Chacune de ses dimensions sont irréductibles les uns aux autres. On dit que ce sont des sujets (en grec hypostase).  Et c’est en ce sens que nous disons que Dieu existe en trois dimensions. Un seul Dieu en trois dimensions. Un seul Dieu en trois personnes.

Et bien, on ne vous avait pas menti. Pour plonger son regard dans la trinité, il faut s’accrocher !  Rappelons que l’intégralité du topo est disponible sur le site de rcf-nancy pour ceux qui voudraient le reprendre. Demain nous parlerons des relations qui existent entre les personnes divines.

3. Les relations entre les personnes


Pour décrire ce qu’est une personne divine, nous avons utilisé le mot de dimension : un seul Dieu en trois dimensions. Mais comment distinguer les dimensions trinitaires entre elles ? dans quel ordre procèdent-elles les unes des autres ? Pouvez-nous en dire plus ? 

Oui, mais je vous préviens, on arrive là dans une partie très délicate de la théologie. Je vais faire ce que je peux, mais vous voilà avertis. Commençons en disant Dieu est la source de toutes choses, y compris de lui-même. Il y a en lui quelque chose qui est irréductiblement inengendré. De là, une première dimension de l’existence divine, une première personne qui a comme caractéristique d’être “inengendré. On parle d’innascibilité. 
Tout le monde me suit ? Continuons. Cette première dimension divine, source ultime de toute réalité, engendre Dieu lui-même. Dieu est son propre Père. De là naît une deuxième dimension personnelle en Dieu. Il est engendré. Il est son propre Fils. Le Père et le Fils, voilà les deux premières personnes divines. Nous pouvons maintenant compléter les caractéristiques du Père : il est inengendré (nous l’avons dit, c’est l’innascibilité) et il engendre (c’est la paternité). Le Fils, lui, en tant que deuxième dimension divine, possède comme caractéristique d’être engendré (c’est la filiation). 

Le Père est tout entier tourné vers le Fils et le Fils est tout entier tourné vers le Père, l’un en engendrant, l’autre en étant engendré. Mais, troisième étape, cette union du Fils et du Père est tellement parfaite que cette union est vivante et qu’elle irradie la vie. Et cette irradiation de vie est tellement parfaite qu’elle subsiste en Dieu en une troisième dimension personnelle. Alors, plutôt que irradiation, on parle de “spiration”. La spiration, c’est le fait d’irradier la vie. C’est la troisième personne : l’Esprit Saint. Résumons. Il y a trois dimensions personnelles en Dieu, chacune ayant ses caractéristiques propres du fait de son origine. Une et une seule caractéristique pour l’Esprit Saint. il est irradié (il est spiré). Le Fils possède deux caractéristiques : il est engendré (c’est la filiation) et il irradie l’Esprit Saint (c’est la spiration). Enfin il y a trois caractéristiques pour le Père : il est inengendré (c’est l’innascibilité), il engendre (c’est la paternité) et il irradie (c’est la spiration). 

Alors, ici je m’arrête un instant car il faut faire attention. Nous disons : en Dieu, il y a d’abord le Père et ensuite le Fils. Mais cela ne veut pas dire que le Père existerait d’abord et puis ensuite que le Fils viendrait à exister. Non, le Père existe tout entier dont son acte d’engendrement. Pour lui, exister cela veut dire engendrer. Le Père n’existe qu’en tant que pure relation vers le Fils. Il est ce qu’on appelle une relation subsistante. De même exister pour le Fils, cela veut dire être engendré. Il n’existe pas en dehors de cette relation au Père. Exister pour les personnes divines, si vous voulez, cela veut dire être en extase, que ce soit une extase d’engendrement, une extase de filiation ou une extase d’irradiation.

Et bien, voilà, nous avons fait le plus dur. Demain, nous irons faire un tour du côté de la poésie biblique… Rappelons enfin que l’intégralité du topo est disponible sur le site de rcf-nancy pour ceux qui voudraient le reprendre. 

4. La manifestation de la deuxième personne de la Trinité


Nous avons utilisé des mots techniques pour parler des personnes divines : filiation, spiration, innascibilité.  On pourrait encore raffiner : actes notionnels, spiration active et passive, etc. Mais, aujourd’hui, vous nous proposez de revenir à la Bible

Oui car, parmi ces mots, certains ont une valeur particulière puisqu’ils nous ont été révélés. Ils sont dans la Bible. Parmi ces termes, tout le monde connaît ceux de Père, Fils et Esprit Saint. Mais il y en a d’autres. Par exemple, image, splendeur, parole (ou verbe en latin). Dans la Bible, ces termes caractérisent la deuxième personne de la Trinité, le Fils. Le Fils est image de Dieu, splendeur de Dieu, parole de Dieu. 

Mais pourquoi la Bible dit que le Fils est la parole de Dieu ? Nous le croyons mais quel est le rapport entre être fils de Dieu et être parole de Dieu ? Pour cela, il faut faire un détour du côté de la sagesse divine. Pour les théologiens, la Trinité est la manifestation de la vie divine, et cette vie est une surabondance de sagesse. Cela veut dire que Dieu se connaît et se contemple lui-même dans sa propre sagesse. Et on peut déjà expliquer ici une première expression biblique, celle de parole de Dieu. Le terme de parole insiste sur le contenu de cette sagesse que Dieu a de lui-même. Evitons un malentendu. Quand je dis que Dieu se contemple lui-même dans sa propre sagesse, cela ne veut pas dire que Dieu est narcissique. Car le contenu de cette sagesse, le contenu de cette parole, c’est la justice, la beauté, la vérité et que c’est de cette parole qu’est née du monde. Continuons. Saint Paul dans la lettre aux Colossiens dit que cette parole de Dieu est “l'image du Dieu invisible”. Et on retrouve ici un autre terme biblique. Celui d’image. Le terme de parole insistait sur le contenu de la sagesse divine, le terme d’image insiste lui sur la vérité de cette sagesse. Cela veut dire que la sagesse de Dieu est l’expression parfaite, la copie conforme de ce que Dieu est. Enfin, parce que cette parole est engendrée par Dieu lui-même, on dit que ce Verbe, cette Parole et cette Image est Fils de Dieu. C’est le dernier terme biblique. 

La lettre aux Hébreux résume ceci en une phrase magistrale. Je cite : le “Rayonnement de la gloire de Dieu, l’expression parfaite de son être, le Fils, qui porte l’univers par sa parole puissante après avoir accompli la purification des péchés, s’est assis à la droite de la Majesté divine dans les hauteurs des cieux”. Terminons en rappelant que cette personne de la Trinité a une histoire. Ce n’est pas simplement la parole de Dieu. C’est aussi la parole que Dieu le Père nous a envoyée pour nous sauver, qui s’est incarnée en Jésus et qui est maintenant assis à la droite de Dieu : d’où son titre de Christ et Seigneur. Et par la foi, nous pouvons à notre tour porter cette parole et cette image de Dieu dans notre âme. Par la foi, notre âme devient habitée par cette personne divine. D’où son titre d’époux des âmes.

Nous avons aujourd’hui parlé de la manière dont la Bible décrivait la deuxième personne de la Trinité. Il ne nous reste plus qu’à faire de même pour le Saint Esprit et nous aurons bouclé la boucle !


5. La manifestation de la troisième personne de la Trinité


La dernière fois, nous avons parlé du Verbe, deuxième personne de la Trinité, image de Dieu le Père engendrée dans la sagesse. Nous lui avons donnée les titres bibliques de Parole, Fils, Image, Splendeur, Seigneur et Époux. Mais qu’en est-il de l’Esprit Saint ? Procède-t-il lui aussi de la sagesse divine ?

Oui mais d’une autre manière que le Fils. L’Esprit Saint, avons-nous dit, procède au sein de la Trinité par mode de spiration. Pour mieux comprendre cette spiration, on dira que la sagesse de Dieu est tellement belle qu’elle suscite dans la volonté divine l’amour. C’est la surabondance de la sagesse divine qui après avoir engendré le Fils dans l’intelligence spire maintenant l’Esprit Saint dans la volonté. La volonté rayonnante d’amour et de sagesse, c’est la spiration de l’Esprit Saint.

C’est pourquoi, pour caractériser cette spiration, cette irradiation de vie, l’Ecriture Sainte utilise les termes d’esprit, d’amour, de don et de complaisance. Le terme d’esprit signifie respiration, souffle de vie. Nous dirions peut-être aujourd’hui : le battement de coeur. L’Esprit Saint est le battement de coeur de la Trinité, sa respiration. Elle est la vie en Dieu, et cette vie n’est rien d’autre que la force de son amour. L’amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père. D’où ce titre d’amour que la Bible lui donne. Cet Amour, je cite saint Paul, « Dieu l'a répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné ». Le baptême du Christ nous donne encore un autre nom pour qualifier cette irradiation de vie. Elle est complaisance : “et du ciel parut un voix qui disait Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toute ma complaisance”. En langage amoureux, la complaisance, c’est un soupir de satisfaction qui exprime le repos dans la possession de l’être aimé. On parle encore du “sceau de l’amour”, selon une expression du Cantique des Cantiques. Ou encore de consolateur car l’Esprit Saint est la consolation de l’amour. Enfin, parce que l’amour cherche à se communiquer et à se répandre, la Bible lui donne encore le nom de don. C’est le titre que Jésus lui-même lui donne. En parlant de l’Esprit Saint à la Samaritaine, il lui dit : “si tu savais le don de Dieu”. 

Pour l’instant, nous n’avons parlé que de la spiration de l’Esprit au sein de la Trinité. Mais cet Esprit, Dieu va le manifester aussi sur terre. On appelle cela la mission temporelle de l’Esprit Saint. De même que le Père avait envoyé son Fils sur terre pour nous révéler sa Parole, de même, le Père va envoyer son Esprit pour nous faire connaître son amour. Cet Esprit Saint va se manifester de manière visible lors de la pentecôte et de manière invisible lorsque notre âme est visitée par la grâce. C’est quelque chose de très beau, car en Dieu, c’est un seul mouvement. Dans le mouvement même où l’Esprit Saint procède de toute éternité du Père et du Fils, dans ce même mouvement, il est envoyé sur les apôtres lors de la pentecôte et, toujours dans le même mouvement, il est répandu dans nos âmes.

Et bien voilà : fin du topo sur la trinité. Nous avions commencé par la Bible, et nous terminons à nouveau par elle. Rappelons que l’intégralité du topo est disponible sur le site de rcf-nancy pour ceux qui voudraient le reprendre.

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