Introduction à la Bible : le tour du propriétaire


Une bibliothèque


Lundi, premier jour de la semaine. C’est une nouvelle chronique de catéchèse qui commence aujourd’hui. Frère Paul Adrien d’Hardemare, cette semaine vous nous proposez une introduction à la Bible.


En guise d’introduction à la Bible, je vous propose de faire ensemble le tour du propriétaire. Et nous commençons par le mot Bible. Bible est un mot grec qui signifie livre. Cela a donné le mot bibliothèque. Et oui, la Bible est une bibliothèque, une bibliothèque de soixante-douze livres. Cette semaine, nous allons apprendre à ne pas nous perdre dans cette bibliothèque. D’abord, remarquons comment sont rangés ces 72 livres dans cette bibliothèque. Tous ont une place bien précise. Chaque livre raconte l’épisode particulier d’une histoire plus grande, ce qu’on appelle la révélation, et qui va de la création du monde (avec la Genèse) jusqu’à la fin du monde (avec l’Apocalypse), en passant par les patriarches, les rois juifs, les prophètes, Jésus, les apôtres. C’est en fonction de cette grande histoire que les livres sont classés dans la Bible. Par ordre chronologique. Tous ? Non, il y a des exceptions. Les livres de poésie et de chants ont été regroupés à part, dans une section dite “livres de sagesse”. 

Continuons. L’histoire que raconte la Bible se divise en deux grandes parties : avant Jésus et depuis Jésus. Les livres qui parlent de ce qui s’est passé avant Jésus sont regroupés dans ce qu’on appelle l’Ancien Testament. Si la Bible était une bibliothèque, ce serait en quelque sorte la première étagère. Testament veut dire pacte, alliance. La première étagère de la bibliothèque biblique raconte l’histoire d’un premier pacte que Dieu a passé avec les hommes. Comme ce pacte, comme ce Testament n’a pas marché, il en a fallu un nouveau, un Nouveau Testament. D’où une deuxième étagère. Comme c’est Jésus qui a établi ce nouveau pacte, il y a dans cette étagère tous les livres depuis Jésus. Tout le monde suit ? Passons maintenant à ce qu’il y a dans ces étagères. Ces étagères ont chacune leur propres rayons. Dans l’Ancien Testament, il y a un premier rayon. Le Pentateuque ou Torah. Ce sont les 5 premiers livres de la Bible. Puis un autre rayon avec les livres historiques et prophétiques. Puis encore un autre avec les écrits de sagesse. De même, dans le Nouveau Testament, il y a plusieurs rayons : les évangiles, les actes des apôtres, les lettres, l’apocalypse. 

Parlons maintenant des livres qui sont dans ces rayons. Chaque livre est désigné par une référence, une côte. Petit quizz. Si je vous dis Dt ? Que répondez-vous ? le livre du deutéronome. Bravo ! c’est dans la première étagère, l’Ancien Testament, dans le premier rayon, le Pentateuque, et c’est le troisième livre. Si vous avez séché, pas de panique. Au début de chaque Bible, il y a une table des matières avec la liste des abréviations. Et pour retrouver un passage précis dans un livre ? on utilise les chapitres et les versets. Par exemple, Jr 3:2 correspond à un passage du livre de Jérémie, au chapitre 3 et au verset 2. Faites attention, les numéros de chapitres et de versets n’appartiennent pas au texte biblique. C’est comme les paragraphes et la ponctuation, ils ont été rajoutés pour s’y retrouver. Et cela nous aide bien d’ailleurs. 

Merci pour cette introduction. La suite demain avec cette question : Qui a écrit la Bible ?

Les différents canons


Nous continuons notre introduction à la Bible. Aujourd’hui, frère Paul Adrien, vous nous parlez des différentes Bibles qui peuvent exister. 

Il y a plusieurs bibles. Tout le monde connaît la différence entre la Bible juive et la Bible chrétienne. La Bible juive s’arrête à l’Ancien Testament. Pour eux, le Christ n’est pas encore venu : la dernière partie de la Bible reste encore à écrire. Mais connaissez-vous la différence entre les Bibles protestante, catholique, et orthodoxe ? Car oui, il y a des différences ! 

Cela vient de la traduction. On bien vous traduisez en partant du texte original grec ou bien en partant du texte original hébreu. Car le choix est possible. A première vue, on se dit qu’il vaut mieux partir de l’Hébreu. Mais en fait, le texte de la bible en hébreu est plus récent que celui en grec. En tout cas, il faut faire un choix. Et voici le résultat : la Bible orthodoxe est basée sur la Bible grecque, dite des Septante. Les catholiques eux ont suivi le conseil de saint Jérôme : on garde la Bible grecque et quand on peut remonter au texte hébreu, on le fait. Cela entraîne quelques différences : les orthodoxes ont 4 livres des Maccabées contre 2 pour les catholiques et 151 psaumes contre 150. De toute façon, ces différences sont jugées insignifiantes. Les protestants, eux, ont choisi de partir uniquement de la Bible écrite en Hébreu, dite Massorétique. Et, pour le coup, cela fait une grosse différence. Adieu le livre de Tobit, de Judith, 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Ecclésiastique, Baruc. Les livres d’Esther et de Daniel sont plus courts. Alors, ce sont des livres qui ne changent pas grand-chose à la révélation, même si je ne peux que vous encourager à les lire. Mais qui parmi vous a déjà lu les livres des Maccabées ? Et pourtant, si vous les lisiez, surtout le livre 2, vous comprendriez d’où vient le mot français Maccabées. Mais oubliez les Maccabées, je ne veux pas vous couper l’appétit. Il est déjà bientôt midi et votre purée mijote sur le feu. Bref, ces livres grecs que les catholiques ont gardés, on les appelle les livres deutérocanoniques. Les catholiques et les orthodoxes les acceptent, les protestants les refusent. La TOB, c’est-à-dire la traduction œcuménique de la Bible a résolu le problème en mettant ces livres en annexe. Pour ne rien arranger, des fouilles archéologiques en Egypte ont permis de découvrir des livres deutérocanoniques écrits en Hébreu ! Alors, du coup, je ne sais plus quoi dire… 

Et puisque nous sommes dans les différences entre Bible catholique et Bible protestante, en voici une dernière. Les Bibles catholiques ont des notes de bas de page pour vous signaler d’éventuels problèmes dans le texte et leurs solutions traditionnelles. Tandis que les Bibles protestantes n’ont pas de notes, pour vous obliger à avoir un rapport individuel avec le texte. Mais parfois aussi, si vous allez dans une libraire, vous verrez qu’il existe des Bibles protestantes avec des notes de bas de page maintenant. Par exemple, la Nouvelle Bible Segond, qui est une très bonne Bible d’ailleurs. Mais qui ne contient pas les livres deutérocanoniques.

Merci Père d’Hardemare pour cette introduction à la Bible. Demain nous entrons dans le vif du sujet et nous parlerons de Dieu et de la Bible comme parole de Dieu. Car là aussi, ce n’est pas si simple… 

L’auteur principal de la Bible


Bible est un mot grec qui signifie le livre. Cela a donné le mot bibliothèque. Nous continuons notre introduction dans cette bibliothèque. Frère Paul Adrien, qui a écrit la Bible ?

La question revient souvent. Qui a écrit la Bible ? Difficile de savoir qui a écrit une bibliothèque ! Pour le Coran, c’est simple : une seule personne en est à l’origine, Mahomet. Mais la Bible, elle, est une bibliothèque écrite sur des milliers d’années ! Impossible d’en connaître tous les auteurs... Mais heureusement, son auteur principal est connu : c’est Dieu ! Paragraphe 105 du catéchisme de l’église catholique : “Dieu est l’Auteur de l’Écriture Sainte.” 

Alors attention ici ! Voyez comment la phrase est pesée : Le catéchisme dit : Dieu est l’auteur de la Bible. Il ne dit, ni que Dieu a écrit la Bible, ni qu’il l’a dictée. Il est l’auteur de la Bible car il l’a inspiré. C’est une différence avec l’Islam. Pour les musulmans, Allah a dicté le Coran. Pour me faire comprendre, je vais caricaturer mon propos. Oui, Dieu est l’auteur de la Bible, mais non la Bible n’est pas la parole de Dieu. Vous m’avez bien entendu. La Bible n’est pas la parole de Dieu. Et non, je ne suis pas hérétique. Citation du catéchisme de l’église catholique paragraphe 108 : “la foi chrétienne n’est pas une religion du Livre ". Le christianisme est la religion de la "Parole vivante”, non d’un livre. Pour nous, la parole de Dieu, c’est Jésus et pas un livre. 

Alors maintenant que l’on a dit que la Parole de Dieu était Jésus, alors oui, dans un deuxième temps et de manière dérivée, on peut et on doit dire que la Bible est la parole de Dieu. C’est dans la mesure où elle parle de Jésus qu’elle est la parole de Dieu. Cela va avoir une conséquence très précise sur notre manière de lire la Bible. Car cela veut dire que Jésus est le centre de gravité de la Bible. Tout le texte de la Bible tourne autour de lui. En lisant l’histoire d’Adam et la chute des hommes, je retrouve pourquoi Jésus a dû venir. En lisant l’histoire d’Abraham qui a vécu 2000 avant Jésus, je retrouve la foi en Jésus qui début. En lisant l’histoire de Moïse, 1600 ans Jésus, je retrouve Jésus qui vient sauver son peuple. Chaque chose que je vous ai dit là devrait être vérifiée. Mais, après vérification, on retrouve bien Jésus à chaque page de la Bible.

Et cela amène une autre conséquence : plus on est proche de Jésus, et plus cela a de l’importance. L’évangile qui raconte la vie de Jésus a plus d’importance que le pentateuque qui parle de la vie de Moïse. Pourtant Moïse ce n’est pas rien ! Mais si Moïse et Jésus semblent se contredire, c’est à Jésus qu’il faudra donner la priorité. Par exemple, Moïse dit que l’on peut divorcer. Jésus dit : “Celui qui divorce est un adultère”. Priorité à Jésus. Et c’est à la lumière de ce qu’a dit Jésus que moi, lecteur de la Bible, je vais ensuite relire Moïse pour l’interpréter dans un sens qui annonce Jésus.

Merci frère Paul Adrien. Je note cependant que vous n’avez pas encore répondu à la question : qui a écrit la Bible même si nous savons maintenant que c’est Dieu l’a inspiré. Je suppose que demain vous nous direz qui l’a rédigé. Rappelons que l’intégralité de cette introduction à la Bible est disponible sur la chaîne youtube du frère Paul Adrien . 

 

Les auteurs secondaires


Aujourd’hui jeudi, quatrième chronique biblique. Nous avons dit que Dieu était l’auteur principal de la Bible, mais cela ne veut pas dire qu’il en est le seul auteur.

Si Dieu est l’auteur principal de la Bible, les auteurs secondaires eux sont bien humains. Parfois même, à lire attentivement la Bible, on se dit qu’un même livre de la Bible peut avoir plusieurs auteurs. Par exemple, on pense que le livre d’Isaïe a été écrit par un premier auteur, repris par un deuxième auteur, retravaillé encore par un troisième auteur. Impossible de savoir avec précision ce qui vient de qui. Mais ce n’est pas très grave car tous sont des auteurs inspirés, choisis par Dieu. Citation du catéchisme de l’église catholique : “En vue de composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels il eut recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et cela seulement "

J’attire votre attention sur un détail de cette dernière citation. Je relis pour vous : Dieu a choisi des hommes auxquels il eut recours dans le plein usage de leurs facultés. Cela ne vous dit probablement rien, mais c’est une référence à un débat entre catholique et protestant. J’ai essayé de retrouver dans sur Internet ce débat, mais en vain. Ce serait à vérifier, mais, de mémoire, les protestants avec Luther parlaient d’inspiration serve (inspiration esclave), tandis que les catholiques avec Erasme parlaient d’inspiration libre. Je vous explique avec un exemple. Vous êtes au volant en train de rentrer chez vous pour manger. Pas de chance, il y a un bouchon ! Comment arriver à l’heure ? Option A : vous branchez le GPS et Waze pour éviter le bouchon et vous suivez leurs instructions à la lettre : inspiration serve. Option B : vous êtes un pilote, un vrai, et, faisant un effort de mémoire et de réflexion, vous improvisez en pilote que vous êtes un itinéraire bis pour éviter le bouchon. Inspiration libre. Revenons à la Bible. Le peintre Le Caravage eût un jour une commande : on lui demanda de représenter saint Matthieu écrivant la Bible. Le Caravage dessina un ange qui tenait la main de Matthieu. Matthieu n’avait plus qu’à se laisser guider pour écrire : c’est l’ange qui lui tenait la plume. Inspiration serve ! A cause de cela, le tableau fut rejeté. Deuxième tableau, Le Caravage peint cette fois-ci l’ange en train de parler à saint Matthieu. Saint Matthieu l’écoute, réfléchit et ensuite écrit. Inspiration libre ! 

L’inspiration libre consiste à dire les auteurs bibliques ont utilisé leur intelligence, leur cœur, leur culture, leur imagination pour décrire ce que Dieu leur avait inspiré. Le message divin est, pour ainsi dire, passé dans toutes leurs synapses et tous leurs neurones avant d’être couché sur le papier. C’est quelque chose de très important car cela veut dire que, dans la Bible, il y a à la fois une révélation qui vient de Dieu et un travail de rédaction qui vient des hommes. Donc prudence car il faudra apprendre à distinguer les deux quand nous lirons la Bible.  

Et bien, la réponse à cette question demain, même heure. Et en attendant, courage à ceux qui sont dans les bouchons !  

Lire la Bible


Vendredi, dernier jour pour notre chronique d’introduction à la Bible. Frère Paul Adrien, de quoi allez-vous nous parler aujourd’hui pour clore cette semaine ? 

Puisque nous avons parlé des auteurs de la Bible, nous pouvons maintenant parler des lecteurs de la Bible. Et je commence par le premier lecteur. Qui est le principal lecteur de la Bible ? Et non, ce n’est pas vous ! C’est Dieu. De même que Dieu est l’auteur principal de la Bible, il en est aussi le lecteur principal. En tout cas, c’est lui qui inspire notre lecture. L’Esprit Saint agit sur mon âme et me fait goûter de l’intérieur la vérité de ce que je lis. Il me faire comprendre que Jésus est mort pour moi et que la Bible a été écrite pour moi. Pour une grande part, notre lecture de la Bible consiste simplement à être attentif à Dieu qui lit la Bible à travers nous. C’est ce qu’on appelle la lectio divinia.

Mais parfois, on risque aussi de se tromper et de croire que Dieu veut dire quelque chose alors que c’est faux. Pour éviter de prendre des vessies pour des lanternes, on va se tourner vers ce qu’on appelle l’exégèse. L’exégèse, c’est retrouver l’Esprit Saint non pas qui m’inspire moi qui suis en train de lire la Bible, mais l’Esprit Saint qui a inspiré ceux qui ont écrit le texte que moi  je suis en train de lire. Changeons de sujet. Votre cuisine, votre purée qui mijote sur le feu, je peux la savourer ou bien en la mangeant (c’est la lectio divina) ou bien en étudiant tous les ingrédients que vous êtes en train de mettre dedans (c’est l’exégèse). Evidemment, à la fin, il faut la manger la purée, mais étudier les différents ingrédients n’est pas sans intérêt. Parfois, cela évite d’être empoisonné. Et, c’est la même chose, en lisant mal la Bible, on peut devenir malade. D’où l’exégèse.

Premier ingrédient de la Bible, nous l’avons dit, c’est la révélation divine. Mais deuxième ingrédient à distinguer : le contexte culturel. Par exemple, Dieu créé le monde en 6 jours. 6 jours, ingrédient révélé ou ingrédient humain ? D’après l’exégèse, c’est un ingrédient humain. Chez les Babyloniens, les stars culturels de l’époque de la Bible, 6 était un chiffre sacré. Les juifs, abreuvés de culture babylonienne comme nous de culture américaine, les juifs ont repris cet ingrédient culturel, pour parler de la création divine.

Autre ingrédient plus délicat. Les genres littéraires. Prenez l’histoire de Jonas. Tout le monde connaît l’histoire de cet homme mangé par une baleine. C’est de lui que vient l’histoire de Pinocchio. Mais à quel genre littéraire appartient cette histoire ? Est-ce un récit historique ou un récit poétique ? Dans un cas, on cherche un homme qui a vraiment existé, dans l’autre, on s’intéresse à la morale d’une fable. Ce n’est pas du tout la même chose.  Vous allez me dire qu’avec cela, l’exégèse peut faire dire à peau près ce qu’elle veut à la Bible. Pas de panique, dans les évangiles, qui sont le centre de gravité de la Bible, les choses sont sans ambiguïté. Jésus est à la fois un ingrédient divin et un ingrédient humain, ses miracles sont à la fois historiques et poétiques.

Merci pour cette introduction à la Bible. Rappelons que l’intégralité de cette chronique est disponible sur la chaîne youtube du frère Paul Adrien. La semaine prochaine, nous parlerons cinéma et théologie. 

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